Le Tome 1 :
Si ce "Quai d'Orsay" n'était qu'une caricature bien sentie et parfaitement documentée du fonctionnement du Ministère des Affaires Etrangères à l'époque "glorieuse" (Villepin et sa résistance inspirée aux néo-cons en train de déclarer la guerre à la planète...), ce serait déjà un bouquin indispensable, puisque a priori basé sur les expériences vécues par le scénariste au sein de cette impressionnante organisation du gouvernement français. Mais, comme c'est souvent le cas chez Blain, l'un des tous meilleurs créateurs de BD au monde, à mon avis (relisez "Isaac le Pirate" et "Gus" si vous avez le moindre doute là-dessus...), quelque chose se passe ici, qui transcende la dérision facile (les jeux politiques, il est finalement si facile, si évident de s'en moquer...) qui contamine 90% de la BD d'humour "à la française", et c'est une vraie admiration pour un homme, inspiré et confus, visionnaire et littéralement insupportable, qui se dessine peu à peu. Oui, "Quai d'Orsay" fait rire et fait peur, avec une efficacité imparable, mais ce qui est le plus beau, c'est qu'il nous remplit aussi d'admiration,... qu'il nous rendrait presque fier de la France... Enfin, tout cela, c'était avant la France mesquine de Sarko & Cie... Je me demande ce que Blain ferait de la politique française actuelle… [Critique écrite en 2010]
Le Tome 2 :
Le discours de Dominique de Villepin devant l'O.N.U. destiné a bloquer (?) l'entrée en Irak des Américains fut l'un des sommets de la diplomatie française, l'un des rares moments où l'on se sentit fiers de notre pays. Le second tome du brillantissime "Quai d'Orsay" réussit à la fois à démystifier l'évènement (quel chaos, combien d'incohérences... pour en arriver là, presque par miracle...!!) et à en retranscrire l'émouvante portée symbolique : la justesse de la chronique, écrite par quelqu'un qui a vécu au premier plan les événements, et l'élégance de la narration et des dessins de Blain font de "Quai d'Orsay" un chef d’œuvre, discret et humble, mais un chef d’œuvre quand même de la BD française. On le referme le cœur gonflé, sans que l'on sache si les larmes qu'on a au coin des yeux sont d'avoir autant ri, ou bien d'avoir pu revivre ce moment essentiel de la politique étrangère française. Remarquable ! [Critique écrite en 2012]