Si tout était à refaire ?

L'idée est toute simple, Hiroshi, un homme de 48 ans est renvoyé à ses 14 ans quand il retourne dans sa ville natale après des années d'absence. C'est alors l'occasion pour lui de chercher à comprendre ce qui a pu pousser son père à s'enfuir sans laisser de traces, puisque cela s'est passé précisément quelques mois après l'époque où le protagoniste principal est propulsé.
On retrouve bien le côté "school-fic" dans ce que le personnage retrouve tout un environnement scolaire, les copains... Avec le recul de celui qui sait déjà ce que deviendront tous ces êtres. Du coup, Hiroshi est toujours entre deux tendances, l'envie de vivre au présent cette deuxième jeunesse qui lui est offerte et la conscience de l'homme adulte, qui a du recul, et qui a alors conscience de la fragilité, de l'urgence de ce qui est à faire et à accomplir. Le livre montre bien cet aspect, grâce à la ligne directrice qui permet de ne pas perdre le fil : "pourquoi Papa avait il à partir ?". C'est avant tout un manga sur le temps (je ne comprends pas ceux qui disent que le thème du voyage dans le temps est ici bancal : il est développé de manière assez géniale !), temps qui passe, qui détruit tout, et qu'on veut pouvoir rattraper. Temps aussi qui nous fait apprendre des choses, qui nous fait comprendre des choses : le voyage a un vrai but, c'est un vrai roman d'apprentissage qui se déploie à travers le temps qui est passé.
Le lecteur se met, comme Hiroshi, à sentir toute cette urgence, à vouloir retenir le père de fuir, à vouloir retenir, aussi, le temps de l'insouciance de l'adolescence. Les mécanismes d'identification sont efficaces, le livre est passionnant, se lit d'une traite, on ne lève pas les yeux une seule fois.
Les dessins sont soignés et servent bien l'histoire. Parfois, ils sont mêmes sublimes en eux-mêmes. C'est très agréable de voir un manga dont les dessins ne sont pas bâclés.

Finalement, c'est un manga que j'ai adoré, qui à la fois est très personnel et singulier et peut prétendre à plaire à un large public (jeunes, plus âgés, adeptes de roman, de philosophie...), peut-être pas à tout le monde non plus car l'ambiance est très particulière, comme si le temps s'était arrêté (on dirait un peu du Proust par moments).

20/20