Bastien Vivès revisite la Bastille, mais oublie les feux d'artifice

Quatorze juillet, c’est un peu comme un bal des pompiers où le DJ aurait oublié de brancher les enceintes. Bastien Vivès et Martin Quenehen nous livrent une histoire qui joue sur des thématiques modernes et sociales, mais le tout manque cruellement de pétard pour réellement embraser notre intérêt.


D’entrée, le duo d’auteurs pose une ambiance intimiste, quasi contemplative, avec des personnages en quête de sens dans une société qu’ils traversent, désabusés. Ça sent la promesse d’un grand récit introspectif sur l’humanité, les révoltes intérieures et le poids des idéaux… mais ça reste une promesse, jamais vraiment tenue. À force de vouloir capturer des moments de vie bruts et réalistes, Quatorze juillet finit par donner l’impression qu’on regarde un documentaire sur des inconnus pas très bavards. Fascinant par moments, frustrant les trois quarts du temps.


Visuellement, Bastien Vivès reste fidèle à son style minimaliste, avec une sobriété qui joue bien sur les silences et les émotions contenues. Les cases respirent, les visages expriment, mais il manque ce petit supplément d’âme, cette étincelle qui ferait passer l’ensemble du "correct" à l’"inoubliable". Le dessin a beau être précis et épuré, on aurait aimé une ou deux explosions (au moins symboliques) pour justifier le titre.


Le scénario, lui, semble hésiter entre plusieurs directions sans jamais vraiment se fixer. C’est un peu comme si on avait une playlist Spotify qui sauterait d’un morceau de variété mélancolique à du slam engagé, mais avec des blancs interminables entre chaque chanson. Il y a des intentions, des bribes d’idées, mais le tout manque de liant et d’émotion pour réellement captiver.


Bref, Quatorze juillet est une œuvre qui ne déshonore pas ses auteurs, mais qui ne restera pas non plus dans les annales. Un peu comme un feu d’artifice sous la pluie : ça fait "pschitt", mais on aurait espéré des étincelles.

CinephageAiguise
6

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures BD de 2020

Créée

le 28 janv. 2025

Critique lue 13 fois

Critique lue 13 fois

D'autres avis sur Quatorze juillet

Quatorze juillet
Kab
1

Critique de Quatorze juillet par Kab

Jimmy est un jeune gendarme qui vient de perdre son père. Il se réfugie dans le travaille et dans sa "peur" de l'autre, des terroristes... Lors d'un contrôle de routine il fait la connaissance de...

Par

le 28 mars 2020

5 j'aime

14

Quatorze juillet
BenoitRichard
7

Critique de Quatorze juillet par Ben Ric

La nouvelle bande dessinée de Bastien Vivès dégage une atmosphère étrange, aussi étrange que celle que l’on pouvait percevoir dans certains de ses précédents livres que sont par exemple Le chemisier...

le 11 oct. 2020

3 j'aime

Quatorze juillet
belzaran
8

Une narration lacunaire et subtile

Bastien Vivès a souvent fait la polémique avec ses ouvrages et « Quatorze juillet » n’a pas dérogé à la règle. En regardant les multiples avis négatifs sur ce livre, j’ai été étonné. C’est en les...

le 22 oct. 2022

2 j'aime

Du même critique

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
CinephageAiguise
7

Peace, amour et baffes gauloises

Astérix, c’est un peu comme un banquet chez Abraracourcix : on y revient toujours avec plaisir, même si parfois le sanglier est un peu moins savoureux que d’habitude. Avec L’Iris Blanc, Fabcaro prend...

le 31 janv. 2025

4 j'aime

La Serpe d'or - Astérix, tome 2
CinephageAiguise
7

Quand Astérix et Obélix découvrent Lutèce

Avec La Serpe d’or (1962), René Goscinny et Albert Uderzo emmènent Astérix et Obélix dans leur première grande aventure hors du village, direction Lutèce. L’occasion de découvrir que les Gaulois ne...

le 20 déc. 2024

4 j'aime