Que la belle meure, deuxième tome d’Azimut, c’est un peu comme plonger dans un rêve bizarre et splendide où la logique a pris des vacances prolongées. Wilfrid Lupano et Jean-Baptiste Andréae continuent leur symphonie baroque avec un mélange détonnant de poésie, d’humour absurde, et de philosophie déguisée en conte extravagant.
Le récit reprend dans cet univers où les points cardinaux se disputent, où le temps peut être volé, et où les personnages oscillent entre quête existentielle et caprices farfelus. Lupano, fidèle à son style, tisse une intrigue labyrinthique où la mélancolie flirte avec le grotesque. Les dialogues, ciselés et souvent hilarants, te laissent entre deux états : rire aux éclats ou méditer sur le sens de la vie (ou de son absence).
Côté dessin, Jean-Baptiste Andréae livre une performance magistrale. Chaque page est une explosion visuelle, une œuvre d’art à part entière. Ses personnages, mi-réalistes mi-oniriques, évoluent dans des décors aussi improbables que somptueux. Les créatures improbables, les paysages improbables, et même les humeurs improbables prennent vie sous son pinceau, transformant chaque case en un tableau hypnotique. Si l’histoire était une symphonie, le dessin en serait la mélodie entêtante qui te happe et ne te lâche pas.
L’intrigue de ce tome, bien que toujours volontairement alambiquée, approfondit les thématiques introduites dans le premier opus : la quête d’immortalité, les caprices du destin, et cette obsession très humaine de donner un sens à un monde qui n’en a peut-être pas. Les personnages, qu’ils soient attachants ou volontairement exaspérants, te guident à travers ce chaos organisé avec une élégance désarmante.
Mais attention : Azimut n’est pas une lecture facile. Il faut aimer se perdre dans des méandres narratifs où tout semble possible, et où la logique a tendance à plier sous le poids de l’imaginaire. Ce n’est pas une histoire à suivre avec une carte, mais à savourer comme un rêve éveillé où chaque détour est une découverte.
En résumé : Que la belle meure est un joyau de l’absurde, une ode à l’imagination débridée, et une réflexion douce-amère sur les folies humaines. Wilfrid Lupano et Jean-Baptiste Andréae signent ici un chef-d’œuvre visuel et narratif qui te transporte loin des conventions, pour te laisser émerveillé, un peu perdu, mais définitivement conquis.