Il ressort un sentiment étrange de ce onzième tome, comme si plus personne ne savait vraiment dans quel sens va Spawn. Maintenant maître de l'Enfer, connecté au mal de ce monde et voulant protéger la Terre des interférences de l'Enfer et du Paradis, le héros est dans une situation bloquée : doit-il continuer cette fausse vie ou chercher à assumer son droit : le trône de l'Enfer ?
Mais moins que les hésitations du personnages ce sont bien celles des auteurs que l'on sent. On a cette hésitation à offrir ou non un aboutissement au personnage, celui-ci a tend évoluer, tant grandi, tant changer : comment se décider à lui offrir une fin sans risquer de revivre insensément la même histoire ?
Pour cela, on a ce onzième tome qui sert à relancer l'intrigue en terminant la question du trône des Enfers, en offrant un semblant de rédemption à Al, en ramenant un vieil ennemi et en donnant surtout le sentiment d'un futur retour à un nouveau début. Car, il faut le dire ce tome lui peine à convaincre.
Si c'est sans difficulté que nous sommes happés par la bataille des Enfers dans laquelle Spawn revendique enfin le trône, le côté bordélique et gratuit des enchaînements rend la lecture loin d'être aussi agréable qu'elle devrait.
Surtout elle nous donne le sentiment de ne pas avoir assez profité de Cogliostro, lui qui se révèle finalement plus manipulateur, plus vicieux qu'on aurait pu le penser. Le grand méchant n'est-ce pas lui ? Ou le grand héro ? Enfin terminant ce récit en offrant une gloire nouvelle au personnage, on ne peut que regretter que Mammon, si présent là encore n'a pas eu la même grandeur et apparaît finalement comme un personnage plutôt caricatural.
Graphiquement c'est très beau évidemment et le ton est vraiment maîtrisé rappelant la grande période de Spawn tout en jouant sur des modifications donnant un sentiment d'autres périodes. Le temps est bien sûr une denrée importante puisque l'on comprend que plus de 5 ans se sont écoulés depuis le début de la malédiction spawnesque.
On a ce sentiment de temps qui passe avec ce tome mais surtout, pour ma part, le regret de ne pas avoir un traitement supérieur à propos de ces sujets si grandioses et de ces très bonnes idées.
C'est comme si on nous le disait : c'est difficile d'avancer maintenant. On conclut donc tout un chapitre, et on relance péniblement une nouvelle idée avec le retour d'un grand méchant et un Al qui reste maudit suite à l'intervention, un brin rapide, de Nyx. C'est pas génial, mais au moins ça va peut-être permettre d'avoir une bonne suite ?