Quand Spirou et Fantasio affrontent une femme fatale… et un tas de boulons

Avec Qui arrêtera Cyanure ? (1985), Tome et Janry propulsent Spirou et Fantasio dans une aventure mi-polar, mi-science-fiction, où les robots font les malins et où la technologie se détraque dans tous les sens. Entre une ambiance futuriste délicieusement rétro et une méchante charismatique à souhait, cet album prouve que même dans un monde high-tech, nos héros savent encore où coller leurs baffes… ou presque.


L’intrigue démarre tambour battant : des robots censés faciliter la vie se mettent soudainement à péter un câble (littéralement). Derrière ce chaos métallique, une certaine Cyanure, robot humanoïde aussi séduisante que dangereuse, sème la zizanie avec une intelligence froide et un sourire qui ferait frissonner Terminator. Spirou et Fantasio, bien sûr, sont embarqués dans cette histoire pour démêler les circuits et calmer les boulons récalcitrants.


Cyanure, c’est clairement la star de l’album. Mi-femme fatale, mi-machine infernale, elle incarne à la perfection cette menace élégante et troublante qui met tout le monde à genoux, humains comme robots. Son design est un vrai régal visuel : elle est à la fois belle et inquiétante, une création qui rappelle les grands classiques de la science-fiction avec une petite touche noire à la Blade Runner. C’est la méchante qu’on adore détester… mais qu’on admire un peu aussi.


Spirou et Fantasio, quant à eux, assurent le job. Spirou reste l’aventurier rationnel et équilibré, tandis que Fantasio, comme d’habitude, s’énerve, trébuche et râle pour notre plus grand plaisir. Spip, fidèle à lui-même, continue de balancer ses petites remarques sarcastiques face à des robots détraqués. L’interaction entre les héros et cette nouvelle menace technologique donne un ton dynamique et moderne à l’album.


Visuellement, Janry nous régale. Les décors futuristes, les robots aux designs aussi inventifs qu’absurdes, et les scènes d’action sont d’une fluidité impeccable. Les expressions faciales, en particulier, ajoutent une dimension comique bienvenue, même dans les moments de tension. Le mélange entre humour visuel et ambiance plus sombre est parfaitement maîtrisé.


Côté narration, Tome jongle avec efficacité entre suspense et légèreté. L’intrigue avance à un bon rythme, les rebondissements sont bien dosés, et l’ambiance générale, à mi-chemin entre polar et SF, fonctionne à merveille. On pourrait reprocher à l’histoire de manquer un peu de profondeur ou de surprise, car certains développements sont assez attendus, mais la présence de Cyanure suffit à garder le lecteur en haleine.


L’humour, marque de fabrique de la série, est toujours là, même si l’ambiance est un peu plus sombre que dans les autres albums. Les robots détraqués offrent leur lot de situations absurdes, tandis que Fantasio joue les punching-balls narratifs avec une énergie inépuisable.


En résumé, Qui arrêtera Cyanure ? est un excellent épisode de Spirou et Fantasio, où Tome et Janry modernisent la série avec une intrigue futuriste et un antagoniste mémorable. Cyanure brille par son charisme glacial, et nos deux héros, bien que parfois dépassés, assurent le spectacle avec leur humour et leur débrouillardise habituelle. Une aventure bien huilée, légèrement teintée de noir, qui prouve que les robots n’ont pas toujours un cœur… mais qu’ils ont un sacré caractère !

CinephageAiguise
7

Créée

le 17 déc. 2024

Critique lue 3 fois

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