Avec Racines, la scénariste et dessinatrice Lou Lubie se penche sur le cas particulier – mais qui concerne finalement 20% de la population française - des individus aux cheveux crépus. En décrivant le quotidien de son alter ego Rose, jeune fille métisse de la Réunion à la chevelure laineuse, Lubie tresse un passionnant voyage aux origines de cette caractéristique physiologique longtemps perçue comme un handicap de beauté. Ainsi, à mesure que son héroïne avance en âge, l’auteure démêle, avec humour et pédagogie, les préjugés et les mythes parfois tenaces qui y sont associés, et montre la dure réalité et les inégalités auxquelles elle se retrouve confrontée. On découvre par exemple que le coiffage des cheveux crépus n’est entrée au programme du CAP Coiffure que depuis 2023 en France, expliquant ainsi l’inaptitude des coiffeurs à les soigner et discipliner.
Bien que richement documenté, Racines n’est pas une bande dessinée scientifique ou d’investigation. « Je ne suis ni journaliste, ni enquêtrice, mais j’aime approfondir mes recherches et mes connaissances pour qu’on ne puisse pas m’accuser de transformer la réalité. » déclare Lou Lubie dans Télérama. Une BD qui se lit donc comme l’éveil d’une jeune créole à la peau blanche et au cheveu crépu à son identité capillaire.
Et pour ne rien gâcher, la première de couverture, en relief, est un bonheur à toucher. Peut-être un autre signe que Lubie s’est définitivement réconciliée avec sa nature de cheveu.