J'étais un peu rebuté d 'acquérir le bouquin car le dessin n'est pas du tout ma came. Les aplats de couleur, le style très enfantin même si très expressif. La forme me faisait craindre à un recueil de poncifs vulgarisateurs. Mais ça aurait été dommage de passer à côté de cette bd d'utilité publique.
Petit fils du colonialisme occidental, on est à mille lieu de penser que le cheveu afro soit un sujet en soi. Et pourtant c'est le cas. L'auteur raconte son rapport à sa chevelure texturée depuis la petite enfance jusqu'à maintenant. Histoire universelle qui fait finalement écho à celles des créoles que j'ai pu croiser et dont je ne sentais pas les enjeux.
Incompris par les coiffeurs ici. Discriminé car "fait pas sérieux, pas professionnel". Diktat du lissage, véritable névrose générationnelle, pour s'assimiler à l'oppresseur quitte à détruire son cheveu. Le rapport aux autres, les comportements déplacés, insultants ou maladroits.
Le cheveu crépu, frisé est ici célébré au travers de la réappropriation par l'autrice de ces racines, de son identité. On découvre le parcours de soin du cheveu : peigne, cowash, tressage. Après les avoir coupé, caché, abîmé : les laisser être et trouver confiance en soi.