CUBA -LA BAIE DES COCHONS
Avril 1961 , des bombardier approchent du sud de l'île de Cuba afin de prêter assistance à la brigade 2506, une force mercenaires envoyée sur place par les Etats-Unis pour renverser le régime...
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le 14 avr. 2019
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L’histoire américano-cubaine est un chemin parsemé d’embûches. L’île a longtemps été une base arrière états-unienne, où la mafia, notamment, menait des activités clandestines hautement rémunératrices. L’album de Dobbs et Mr Fab ne raconte pas autre chose : « Cuba était à l’époque une « succursale » américaine et un paradis pour sa pègre. Mais les Américains avaient compris que la dictature de Batista allait s’écrouler face à la révolution et qu’il fallait miser sur un autre cheval. » L’ancienne colonie espagnole tombe alors entre les mains de Fidel Castro, que les Américains tiennent encore en estime. Il sera par exemple reçu par le vice-président Richard Nixon. Parce qu’il est issu de la bourgeoisie, Washington considère qu’il se tiendra à l’écart de Moscou et du communisme. Mais tout bascule, comme le narre très bien La Baie des Cochons, lorsque le régime castriste décide de nationaliser les entreprises cubaines et de réformer l’agriculture. C’est le début d’une inimitié durable.
La CIA est aussitôt chargée par le président Eisenhower de tout mettre en œuvre pour chasser Fidel Castro du pouvoir. Le 4 janvier 1960, un plan définitif est approuvé par la présidence : l’opération Pluton détermine plusieurs phases d’action afin de renverser le pouvoir castriste. Les Américains vont toutefois multiplier les erreurs, avec pour conséquence involontaire de pousser les Cubains dans les bras des Soviétiques. Un embargo est décrété contre l’île, des tentatives d’assassinat à l’explosif ou par empoisonnement échouent lamentablement. En Floride, le centre de renseignement américain approche des exilés cubains pour servir la cause anticastriste en constituant une force paramilitaire d’invasion. Un débarquement est programmé. Des forces américaines clandestines s’entraînent au Guatemala ou au Nicaragua. Mais c’est sans compter sur les espions de Fidel Castro, qui le mettent au parfum…
L’album dépeint avec force détails le contexte du débarquement de la baie des Cochons. Il revient aussi sur l’élection de Kennedy, qui a su exploiter en clerc l’animosité des Américains envers le régime castriste, mais aussi influer sur la chronologie des opérations secrètes via les relais mafieux de son père à la CIA. Il est aussi expliqué comment des monstres tels qu’Orlando Bosch ou des prisonniers comme le personnage fictif Ruben Destro furent utilisés par les États-Unis pour tenter de chasser Castro du pouvoir. Une force d’infanterie anticastriste composée de quelque mille hommes et une petite flotte aérienne d’appareils repeints aux couleurs cubaines sont mises en place pour le débarquement. Des bombardements au napalm et au phosphore sur les champs de canne à sucre ont au préalable été réalisés afin de miner l’économie cubaine et de provoquer un déclin de la popularité du régime. Dans un premier temps, avant l’invasion américaine, les aérodromes cubains sont bombardés. À l’ONU, Cuba accuse ouvertement les États-Unis, qui nient cependant toute implication. Castro demande également à ses milices de quadriller la moindre parcelle du territoire.
Vient enfin le temps du débarquement. Dobbs et Mr Fab vont mettre en vignettes un désastre qui ne cessera plus de se déployer. Les récifs, les marécages, les crocodiles, les soldats révolutionnaires : l’incurie américaine paraît totale et la situation des envahisseurs occidentaux est rapidement désespérée. Plusieurs navires échouent avec du matériel et des munitions devenus aussitôt inutilisables. La population locale et l’opinion internationale vilipendent l’opération américaine. Les forces d’infanterie sont accueillies par les tanks et les avions cubains. On dénombre des centaines de morts du côté des anticastristes et un bon millier de prisonniers que Fidel Castro parviendra à monnayer ou à échanger contre de la nourriture et des médicaments. Le fiasco est total. Les survivants de l’expédition, laissés à l’abandon, ont recours au cannibalisme pour se nourrir, les exilés cubains s’estiment lésés, les services de la CIA sont réorganisés, le directeur de l’agence Allen Dulles est mis à la retraite et Kennedy paiera bientôt – selon certaines théories – de sa vie son échec.
Documenté, didactique et passionnant, Rendez-vous avec X : La Baie des Cochons contient en outre un dossier explicatif de quatre pages sur les relations entre Fidel Castro et les Américains. Dobbs et Mr Fab alternent avec habileté les séquences verbeuses et spectaculaires, faisant successivement état des spécificités politiques, géopolitiques et militaires du débarquement de la baie des Cochons. Au bout du compte, et c’est ce qui sous-tend tout l’album, les États-Unis apparaissent plus concernés par leur pré-carré économique que par les valeurs dont ils sont supposés être le phare. La paille, la poutre, une fois encore.
Sur Le Mag du Ciné
Créée
le 30 avr. 2021
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