Résidence Dokudami - Le Vagabond de Tokyo, tome 1 par Hypergerme

Les quelques choix d'éditions de la boite 'Le Lézard noir' que j'ai pu lire, sont, je trouve intéressants. Cependant, si cet espèce d’ancêtre de "G.T.O." en plus trash n'est pas désagréable, cette BD est loin d'être exempte de maladresses.


Commençons par la partie simple : le dessin.
Pour faire court, c'est assez chouette. Pour faire un peu plus développé, la profusion de Super-deformed et autres artifices stylisés dans le trait de l'auteur pourra un peu agacer le lecteur lambda, mais je trouve les planches généralement agréables à regarder, avec un encrage nerveux et assez esthétique, une mise en page résolument dynamique, une recherche appréciable pour faire des bouilles accrocheuses aux différents protagonistes des historiettes, etc... Dans l'ensemble, le défaut de cette série n'est donc pas sa partie graphique.


Pour ce qui est du scénario, c'est un mélange entre les tribulations d'un pathétique looser dans Tokyo, de la comédie potache scato-coquine qui tache et de l'érotisme qui m'a paru sortir des sentiers battus de ce qui se fait d'habitude dans le domaine de l'érotisme en BD (mais après, cette impression est peut-être due au "choc des cultures" d'un lecteur occidental qui lit un manga, et je sais que la sexualité - et, par conséquent, l'érotisme - nippone n'est pas du tout traitée culturellement là-bas comme chez nous, que cela soit en terme de pratiques, de fantasmes, de législation et de censure -censure qui soit dit en passant, m'a paru ultra hypocrite et inutile car tellement explicite, mais je dois avouer que cet élément donna un peu de charme et un certain cachet à ma lecture ; puisque la vision de ce qui était représenté m'a permis d'extrapoler sur les règles de censure en vigueur).
Sans être passionnantes, les mésaventures de cet anti-héros au possible (looser, ingénu, ultra crédule, malchanceux, paresseux, crasseux, libidineux, bête, sans morale aucune, irréfléchi, qui en vient à toucher à la drogue, se travestir, se prostituer en tant que femme, essaye de devenir proxénète, de cambrioler, ayant rarement assez d'argent pour acheter autre choses que des nouilles et ses revues porno, etc..), se lisent agréablement. Pareillement, l'humour est bien présent au fil des pages et si je ne me suis jamais marré à la lecture de ces trois gros albums, j'ai régulièrement eu un sourire aux coins des lèvres. Enfin, concernant la partie érotique, ce fut quelque fois émoustillant, mais là encore, dans les mesures du raisonnable, et pourtant, c'est à cause de cette dimension érotique que je fus régulièrement déçu au fil de ces 900 pages.


En effet, régulièrement, les histoires abordaient des thèmes qui m’intéressent, ne serait-ce déjà car ils sont et étaient rarement abordés de ce point de vue là, encore moins à l'époque de la sortie de l'album, du moins dans ce que j'ai pu lire de mainstream et d'européen (pour donner des exemples de sujets ; les arcanes et magouilles du monde de la prostitution pauvre, le travestissement, la découverte des pratiques BDSM -voire encore plus hard- par un non amateur/initié, le fétichisme des sous-vêtements portés, la misère sexuelle,...). Cependant, très régulièrement dans ces épisodes, apparaissait un parti pris qui me déplaisait (pour des raisons purement subjectives) et qui rendait ma lecture finalement décevante, alors que j'avais commencé cette dernière plutôt positivement (généralement, ce parti pris est une banalisation du viol et du harcèlement sexuel, qui, vu l'omniprésence des scènes en question, pourrait être un indice sur la banalisation de ses actes dans les milieux urbains japonais des 70's, qui aurait pu être intéressant d'un point de vue historico-sociologique et culturel, mais non, vraiment, ça bloquait à chaque fois mon enthousiasme).


Dernier élément notable, ces trois tomes sont un best-of d'une œuvre apparemment pléthorique (mais qui fut aussi souvent soumise à des contraintes temporelles et commerciales donc il parait que la qualité et l'originalité n'était pas toujours au rendez-vous). Pourtant, les histoires choisies sont peu diversifiées. Lire l'intégralité des histoires de la série originelle dans l'ordre chronologique pourrait être intéressant, mais je suis sûr que ce serait très lassant, puisqu'en lisant le tome 1, on a déjà bien appréhendé l'ensemble de la série.


Pour résumer (et arrêter d'intellectualiser ), voici une série certes pas "mauvaise", mais plutôt moyenne quand même, avec un dessin pas exempt de défauts mais pas vilain, des histoires trop répétitives avec généralement un postulat de base intéressant mais un développement qui m'a très souvent rendu sceptique.

Hypergerme
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le 6 mai 2015

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