Une université prestigieuse, un jeu de tarot pluri-millénaire et … un hôpital des camés et des putes.
Retour de flamme marque un tournant dans la sous-série Donjon Antipodes + puisqu’il conclut un premier cycle au sein de cette branche du Donjon. L’album boucle en effet plusieurs intrigues entamées depuis Rubéus Khan (DA +10 000) comme par exemple les retrouvailles entre Robert de Vaucanson et son fils Tommy, la défaite de l’oncle Stanislas ou encore la réinsertion du professeur Cormor au sein de la société vaucansonienne. Très diversifié, très dynamique, Retour de flamme se lit avec pas mal de plaisir et se montre en outre habilement construit, puisque Sfar et Trondheim y développent en parallèle trois intrigues, qui finissent par se rejoindre à la fin (celle de Rubeus Khan, qui en compagnie d’Adélaïde Perséphone et du professeur Cormor tente de comprendre ce qui attire les démons à la surface de Vaucanson ; celle de Mimi, qui tente d’échapper aux sbires de Stanislas de Vaucanson et celle de Tommy, qui mène des recherches pour le compte de l’Atlas). L’intrigue est riche, avance vite, et distille aussi bien des informations cruciales pour le background de la série que les bons mots et les blagues typiquement « donjonesques » (Mimi étant particulièrement drôle dans cet album, souvent à son insu d’ailleurs).
Qui dit fin de cycle dit forcément résolution de (certains) mystères, et cet album ravira certainement les fans de la série tant il est riche en révélations. La plus excitante concerne bien sûr l’identité secrète de l’Atlas enfin dévoilée, ce qui ouvre des perspectives particulièrement intéressantes pour la suite de Donjon Antipodes + et le prochain cycle, en même temps que cette révélation permet de relier Retour de flamme à de nombreux albums de la saga (et notamment l’étrange mais passionnant Réveille-toi et meurs (DM13)). Sinon, l’album nous dévoile également la raison de la présence de démons à la surface de Terra Amata à cette époque Donjon Antipodes + ; on y apprend aussi de nouvelles informations concernant le fonctionnement des automates de Vaucanson (ce qui permet de relier ce tome à de nombreux autres titres de la saga, dont ceux de la « trilogie de l’automate » (DPM-84, DM11, DM12)) et encore tout un tas d’informations sur les origines du duché de Vaucanson et le créateur des automates Julien de Vaucanson (cf. Le grand animateur, DM11). Bref, Sfar et Trondheim se sont bien lâchés sur ce coup-là en nous divulguant tout un tas de confidences qui enrichissent une fois de plus l’univers du Donjon.
Aux crayons, Vince continue d’assurer en proposant comme d’habitude un dessin bien sympathique, certes pas forcément hyper recherché ou original, mais qui colle bien à l’ambiance de Donjon Antipodes +, qui plus que toute autre branche du Donjon s’avère particulièrement rythmée et riche en rebondissements, ce qui se retrouve dans le graphisme bien « punchy » du dessinateur. Au final, Retour de flamme termine de manière efficace et satisfaisante ce premier cycle de Donjon Antipodes + qui, sans être la meilleure des ramifications du Donjon, s’avère tout de même suffisamment originale et « décalée-sans-trop-l’être » du reste de la saga pour être appréciable. Et puis, comment ne pas apprécier la dernière page de l’album qui renvoie au tout premier Donjon paru, et notamment la toute dernière case de ce Retour de flamme qui fait écho à la dernière case de Cœur de canard (DZ1), dans une sorte de jeu de miroir aussi classe que poignant, et qui permettrait presque à Trondheim et Sfar de boucler ainsi la boucle ?