Un îlot en rotation sur lui-même, du syndicalisme et … des Charognards.


Comme pour Le dojo du lagon (DC104), Révolutions s’éloigne de la trame principale de Donjon Crépuscule pour proposer une petite aventure annexe du trio Roi-Poussière / Marvin Rouge / Pipistrelle, ce qui fait que la lecture de cet album est moins passionnante que celle des volumes précédents, même si le scénario fourmille de bonnes idées et de trouvailles sympa. Le caractère un peu anecdotique de cette aventure n’aide pas Révolutions à figurer parmi les meilleurs Donjon Crépuscule de la série.


Bien sûr, il y a de l’originalité, à commencer par cet îlot rotatif qui sert de cadre au récit et qui offre une multitude de situations rocambolesques. On est content de découvrir aussi de nouvelles races qui enrichissent l’univers du Donjon, comme les Ours ou les Charognards. L’humour est évidemment encore au rendez-vous, avec un Marvin Rouge toujours aussi impayable. Cependant, je trouve étrange que Sfar et Trondheim aient développé une histoire articulée autour de problématiques économiques et sociales, de rapports de force entre travailleurs et patronat (et par extension entre dominés et dominants), où sont abordées les thématiques du syndicalisme, du capitalisme, la question des congés payés, etc. Si placer ce genre de considération dans un univers d’héroïc-fantasy crée bien sûr toujours un décalage très amusant, en revanche ce type d’humour a selon moi davantage sa place dans les sous-séries Donjon Zénith et Donjon Parade plutôt que dans Donjon Crépuscule. Au final, seul l’aspect un peu « fin du monde » de l’album – avec une ambiance chaotique et barbare où des individus vivant dans une extrême précarité peuvent mourir à tout moment – colle bien à l’univers de Donjon Crépuscule.


Après Sfar et Kerascoët, Donjon Crépuscule accueille un troisième dessinateur en la personne d’Obion. Alors que Kerascoët marchait dans les pas de Sfar avec un dessin au style très proche, Obion se démarque en proposant un dessin au style différent, avec un trait plus épais, moins léger et moins subtil. L’ensemble n’est pas déplaisant, plutôt original, mais me convainc moins. Au final, entre un scénario trop déconnecté de l’intrigue générale de la série et un dessin qui peine à convaincre, Révolutions est un tome bien étrange. L’ensemble est globalement amusant mais le tout manque un peu de punch à mon goût.

_minot_
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le 13 avr. 2021

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