L'histoire se déroule en trois temps : Chicago dans les années 1920-1930 ; New York dans les annéess 1940-1950 ; Marseille dans les années 1960.
On suit la trajectoire d'un jeune Italien, Jules, qu'Adam, un chef de gang d'origine polonaise, prend sous son aile et même un peu plus : la principale originalité de cette histoire est d'être la chronique d'une relation homosexuelle qui traverse trente ans d'évolution.
Dit comme ça, c'est plutôt alléchant. Mais bon, je venais surtout pour la reconstitution historique. Or elle est très abstraite : ne vous attendez pas à reconnaître des rues de Chicago ou New York, ou de voir des tranches de vie de la pègre. Même l'évolution dans le temps se voit au fonds assez peu. Et le travail de la pègre est montré de manière stéréotypée : un chargement à escorter, une taxe à recouvrir de manière musclée, des prisonniers que l'on torture dans un sous-sol, des cadavres que l'on fait disparaître... C'est peu montré, et pas de manière vraiment nouvelle.
Car la principale chose qui intéresse l'autrice, c'est le rapport de force sentimentalo-intime entre nos deux mafieux : Jules le nouveau, progressivement ambitieux ; Adam, la figure daddyesque de plus en plus obsolète (il a quitté Chicago, où il est le roi, pour New York, où il n'est qu'un pollack). Et donc il y a beaucoup de scènes de lit, de dialogue, d'engueulades, de câlins, de "ne t'en fais pas, je tiens à notre relation" etc... Et pardon, je sais qu'on fait beaucoup reproches aux hommes de mal écrire les personnages féminins, mais là c'est un peu l'inverse : on sent que ces personnages censés être de gros machos ont été écrits par une femme. Ils n'ont pas cette incapacité de l'homme à verbaliser ses sentiments et à les montrer de manière détournée, par des gestes ou des prises de position inhabituelles. Non, ils discutent et s'auto-analysent, s'accusent, se rassurent etc...
Quant au graphisme, les visages de certains personnages ou leurs mimiques se ressemblent souvent, je trouve. Et je ne suis pas très fan de ces couleurs sépias.
Bref. Je ne dis pas du tout que ce livre est raté. Simplement, sa proposition ne s'adresse pas à moi et ne me convainc pas.