Rogues par Adrien Beltoise

Seconds-couteaux de l'univers DC et éternels ennemis de Flash, les Lascars sont à l'honneur de "Rogues", nouvelle proposition du Black Label. Pour les néophytes, ces récits hors-continuité et matures ont le bon goût de permettre aux auteurs et dessinateurs d'utiliser les personnages DC et d'en offrir une vision libre et personnelle.

Une occasion en or de jouer avec un vaste catalogue, de régaler les fans mais aussi d'offrir aux nouveaux lecteurs des histoires facilement appréhendables.

"Rogues" réussit pleinement dans cet exercice puisque jamais je ne me suis senti perdu alors que les Lascars me sont totalement étranger. Il faut dire que Joshua Williamson fait le choix habile de nous les présenter au sein d'un récit de casse. C'est donc par notre connaissance des codes du genre qu'on rentre dans l'histoire et non par la porte DC. Malin !

Très fluide et rythmé, le récit jongle ainsi habilement entre passages obligés (recrutement des membres, infiltration,...), tropes hérités du polar (héros paumés, détective pourri, chef mafieux...) et action super-héroïque débridée. Williamson ménage également des rebondissements assez radicaux et surprenants puisque aucun personnage n'est "protégé" par la continuité DC.

Comprenez donc que la mort sera de la partie pour certains et que la conclusion à le goût ironique et désenchantée d'un bon film noir.

Grand fan du trait de Leomacs ("Basketful of Heads"), "Rogues" démontre une fois de plus le talent de l'artiste Italien. Les grandes planches du format sont aérées, impeccablement découpées et permettent de jongler entre les atmosphères.

On passe aisément de l'intimité de Captain Cold au bureau feutré d'un privé tout en explorant une somptueuse et dense mégalopole simiesque avant de finir en climax pétaradant. La palette chromatique, très vive, épouse l'ambiance en rappelant autant les comics que le cinéma des années 60-70.

Mon seul bémol réside finalement dans le casse en lui-même, plutôt simple et bourrin là où mon goût va aux plans tortueux et roublards mais "Rogues" reste un vrai plaisir de lecture à ne pas bouder !