Le roller derby, ça ne vous dit rien? Et bien vous manquez quelque chose! Heureusement "Roller Girl" est là pour combler cette lacune. Par le biais d'une histoire d'amitié ponctuée de coups de gueule autant que de coups en douce. Et surtout marquée par de sacrés coups de hanches dans la dernière ligne droite!
Astrid et Charlotte sont les meilleures amies du monde. Alors que se profile la fin de l’année scolaire, et bientôt l’entrée au collège, rien ne semble pouvoir briser ce lien, pas même le retour de l’épouvantable Rachel, armée de ses chaussons de danse. Mais tout bascule quand que les deux jeunes filles découvrent, grâce à la mère d’Astrid, le Roller Derby.
Deux équipes de filles, en rollers, se disputent la maîtrise d’une piste circulaire, à coups de "hits" assénés aux concurrentes, de cris de guerre et de têtes de tueuse. Un hymne au girl power incarnée, aux yeux de notre héroïne, par Rainbow Fight, l’égérie de l’équipe locale des Rose City Rollers de Portland.
Immédiatement conquise, Astrid supplie sa mère de l’inscrire à un stage estival des Rosebuds, section junior de l’équipe. Mais trahison : alors qu’elle comptait sur la présence de son indéfectible amie, celle-ci lui fait faux bond pour participer à un stage de danse, en compagnie de l’ennemie honnie. Commence pour Astrid une période de doutes et de tâtonnements, jalonnée de mensonges et de transgressions diverses.
Roller Girl, c’est tout bonnement l’énergie de la pré-adolescence, de la complexe sortie de l’enfance, posée à l’état presque brut, dans une sorte de déferlement jubilatoire qui subjugue littéralement le lecteur. Formidable de dynamisme et d’humour, ce volume apparaît d’abord comme un des ouvrages les plus rafraichissants de l’année, tout autant à destination d’un public adulte qu’adolescent.
Mais c’est aussi un récit touchant sur les errements d’une toute jeune fille clairement pas dans le moule des conventions américaines. Et pour qui l’espace de liberté offert par le Roller Derby va constituer une véritablement bouffée d’oxygène. Quête de soi, questionnement sur son identité et mise à l’épreuve de ses relations aux autres, à un moment de bouleversement intime, c’est cela aussi que raconte ce superbe comics - ou roman graphique, si vous préférez - de Victoria Jamieson. Sans oublier un vrai discours, proprement féministe, sur la place des femmes dans la société et sur le rôle qu’on attend qu’elles y jouent.
L’histoire se trouve portée par un dessin que d’aucuns pourront trouver rudimentaire, certainement, mais qui correspond idéalement à son sujet, cette sortie de l’enfance ou se met en place une sorte d’ébauche de l’adolescence. Juste et sans fard d’un bout à l’autre, tout en demeurant attentif et bienveillant vis-à-vis des personnages, on a là une évidente réussite. Tout autant dynamite, par son enthousiasme et son engagement, que pépite, par sa sensibilité et son intelligence, Roller Derby nous apparaît comme l’une des très belles surprises de l’année.
Chronique originale et illustrée sur actuabd.com