Que leurs vies ont l'air insignifiantes. Et c'est là que repose le génie de Chris Ware. Mettre en scènes un Nebraska fait de personnes aux vies tristement vécues, faites des légères balourdises, des étranges normalités et des grandes bassesses qui font cette étrange machine bipède qui boit, bouffe, défèque, déprime, se ronge les sangs et tente maladroitement d'aimer qu'est l'être humain. On se surprend à ressentir le triste ennuies et les peines cachés de ces personnages, entre quatre récits écrits de 2000 à 2018.
Comme toujours il y a chez Ware cette mise en page qui est à elle toutes seule un personage et une excellente maitrise du graphisme et du collage. Les cases sont bien souvent petites et distants avec les sujets, transformant l'album en une sorte de terrarium rempli de fourmis névrosées.
Tout ceci achève de faire de Rusty Brown un très bel objet d'une grande tristesse.