Saga Valta est une trilogie née de la collaboration du scénariste Jean Dufaux et du dessinateur Mohamed Aouamri. Cette histoire s’inscrit dans un monde nordique et médiéval. Cet univers couplé à la présence de l’auteur de Murena m’avait conquis de lire le premier épisode il y a quelques années. La qualité globale de l’ensemble m’avait convaincu et c’est avec curiosité que j’ai découvert le dénouement de cette aventure en lisant le troisième tome de la série. Ma critique porte donc sur ce dernier album.
Valta est un guerrier tombé amoureux d’Astridr, fille de Thorgerr aux Cents Guerriers. De leur amour est né Gunnar. Mais cette union n’est pas acceptée par Thorgerr qui n’a qu’une obsession : la mort de Valta. Néanmoins, ce dernier souhaite un procès pour statuer sur la légitimité ou non de sa volonté de vivre avec son aimée. Ce troisième tome mène tout ce petit monde au bout du chemin avec la tenue de l’assemblée devant statuer. Mais tout n’est pas si simple et dans ce monde guerrier et violent, le danger peut surgir de partout sous des formes très diverses…
Il est évidemment indispensable d’avoir lu les deux premiers actes afin de profiter pleinement de la lecture du troisième. Les personnages sont nombreux, les noms parfois complexes, les interactions entre eux pas toujours simples… Il ne faut pas percevoir cette remarque comme une critique mais davantage comme une justification du fait qu’il me paraît compliqué de prendre le train en route. Les auteurs nous donnent le sentiment de nous conter une légende en utilisant de manière régulière de la « voix off ». Là encore, point de critique de ma part. Au contraire, je trouve que ce ton narratif sublime l’aura héroïque qui entoure Valta. La trame utilise des codes proches de la mythologie. Valta multiplie les rencontres et les épreuves à la manière d’un Hercule ou d’un Ulysse. Tous ces choix scénaristiques offrent une atmosphère de lecture plutôt prenante.
Le fait de construire la trame dans un monde nordique et médiéval facilite le dépaysement du lecteur. La part occupée par la magie, le mysticisme et le fantastique fascine également. Enfin, le travail graphique de Mohamed Aouamri magnifie l’ensemble. Son trait et la qualité de ses planches ont éveillé chez moi des souvenirs de mes premières lectures de La quête de l’oiseau du temps. A travers ses décors forestiers hostiles ou les traits souvent abimés des protagonistes, j’ai ressenti une forme de filiation avec le travail de Régis Loisel à l’époque. Je dois dire qu’il s’agit, à mes yeux, d’un vrai compliment. Le voyage sensoriel présenté par l’album s’avère agréable à parcourir.
Le cadre est donc réussi, il restait à voir si l’intrigue qui s’y déroulait était à sa hauteur. Sa première qualité est d’être dense. La lecture ne connaît encore temps mort du fait que Valta ne connait aucun moment de repos. Sa quête de justice pour retrouver son grand amour est semée d’embûches s’avérant bien souvent particulièrement ardues. Les épreuves jalonnant le périple du héros sont classiques mais suffisamment variés pour éveiller de manière constante notre intérêt. De plus, il n’est pas évident de prédire la conclusion de cette lutte. Je trouve que le déroulement de la trame est perpétuellement accompagné d’un suspense loin d’être désagréable.
Pour conclure, cet ouvrage complète de manière très réussie une trilogie que j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir. Les adeptes de ce type d’univers et d’histoire y trouveront leur compte. On pourra regretter que l’originalité ne soit pas la principale caractéristique de la série mais nous avons affaire à une recette de grand-mère savamment exécutée. La dernière planche pourrait laisser croire que cette aventure pourrait connaître une suite. J’en serais ravi…