Je l'ai emprunté en bibliothèque ; il a dormi deux semaines sur ma table de chevet, mais une fois que je l'ai commencé, je ne l'ai plus lâché.
Il est bien documenté, ce livre sur le réchauffement climatique et nos habitudes de consommation. Il répond clairement à toutes les questions que nous nous posons, aux interrogations récurrentes ("mais finalement, le nucléaire, ce n'est pas la solution au problème des gaz à effet de serre ? - Ben non, incidence minime.
Au fond, c'est une sorte de fichage sous forme graphique de bon nombre d'ouvrages ou d'interviews auxquelles a procédé l'auteur. Parmi les scientifiques interrogés, des experts du GIEC (le collectif sur le changement climatique), des journalistes, des universitaires, des membres d'Attac (probablement les moins intéressants).
Comme d'habitude avec ce genre d'ouvrage, il est malheureusement plus facile de poser les problèmes que d'y trouver des solutions, mais transmettre le savoir acquis, c'est déjà beaucoup (ce n'est pas pour rien qu'on trouve une citation grecque équivalent de "savoir c'est pouvoir").
Au niveau contenu, c'est plus engagé que "Home" d'Arthus-Bertrand, Dieu merci. Il y a de bonnes mises au point, pas trop longues, sur le bilan du Grenelle de l'environnement, et sur l'affaire du "Climate gate", montée en épingle pour décrédibiliser le GIEC (merci, je ne savais plus où j'en étais). Sur la responsabilité des médias, aussi : sur 900 articles pris au hasard dans les revues scientifiques et dans la presse grand-public, on ne trouve dans les premières aucune remis en cause du "global change", alors que la moitié des articles sont climatosceptiques, sans aucun fondement sinon des études tronquées ou bancales.
Au niveau forme, l'auteur se met en scène, un peu à la manière "Ego comme X". Il revient sur une évolution sur 7-8 ans, sur les questions du changement de nos habitudes de consommation : est-ce simple de renoncer à un aller-retour New-York quand on sait qu'il est l'équivalent d'une année de conduite automobile ? Le ton n'est pas trop assertif, c'est bien. Il y a de jolies références cinématographiques, ça fait toujours du bien.
Le découpage est celui de quelqu'un de cultivé, mais qui ne veut pas que la forme prenne le pas sur le contenu. On trouve des planches fonctionnant sur le symbole, mais aussi des photos insérées et des raccourcis graphiques frappants : pas très originaux, mais frappants.
Lisez-le d'une traite. C'est le genre de bouquin qui ne doit pas dormir sur une étagère : il doit circuler, passer de main en main. Ne serait-ce que pour ne pas gréver le bilan carbone des éditions Delcourt. ^^