Les deux premiers tomes de la série sont consacrés à l'arc "Udaku", concocté par la future star de Marvel, Brian Michael Bendis. Portés par le dessin d'Angel Medina qui finissait de faire ses armes de copiste surdoué du maître McFarlane sur Spawn (dont sont issus nos deux flics), on retrouve l'atmosphère poisseuse et violente du rejeton des Enfers.

Nos deux anti-héros étaient devenus parias au sein de la police et avaient perdu leur badge dans les pages de Spawn. Depuis ils s'essaient difficilement au métier de détectives privés dans une ville rongée par la violence et où ils n'ont plus guère d'alliés. Si Sam le débonnaire garde sa gouaille légendaire, son partenaire maigrichon et bigleux s'enfonce. C'est dans ce contexte que leur ancien capitaine leur rend leurs plaques et leur assigne une première affaire pour le moins déroutante : des mafieux exécutés et 4 pouces retrouvés sur place dont l'origine s'avère être une énigme qui plongera Sam, Twitch et leur amie légiste KC sur les traces de mystérieux hommes en Fedora et pardessus blancs. Entre leurs collègues qui ne voient pas leur retour dans les rangs d'un très bon œil, les bœuf-carottes qui leur collent au cul et les double-jeux par tous ceux qui les entourent, le duo va passer un sale quart d'heure.

On est en plein dans les codes du film/roman noir. Des flics bourrus, plein de faiblesses mais mus par un sens de la justice hypertrophié, des pourris, des mafieux, des manipulations, ça poisse et ça répand de l'hémoglobine. Bendis est encore en plein dans un de ses travers les plus insupportables : le copié-collé de cases remplies de dialogues pénibles. Le nombre de double pages construites ainsi est conséquent et on s'agace un peu à voir les personnages ne pas finir leurs phrases et/ou échanger des onomatopées qui, si j'imagine bien qu'elles sont là dans un souci de réalisme et d'humanisation des personnages n'en restent pas moins artificielles. C'est le principal reproche qu'on puisse reprocher au scénario d'Udaku parce que pour le reste, le rythme et le suspense sont parfaitement gérés. Bendis alterne sans encombres les scènes de progression de l'enquête avec quelques envolées musclées, si bien qu'on dévore les pages pour essayer de sortir du brouillard partagé avec Sam et Twitch.
Medina lui n'a pas encore fait sa mue, se cherche encore mais fait preuve d'un talent indéniable pour restituer les idées tordues de Bendis. Encore très marqué par le style McFarlane, le dessinateur s'amuse et expérimente les options de mises en page, avec un goût certain pour les doubles. On en prend plein les mirettes quand évidemment, Medina n'a pas à faire du copié collé.

Très bon premier arc pour la série même si la fin nous laisse un peu sur la notre, de faim.

Pour le 3ème tome (l'arc "Sorcellerie"), Medina a malheureusement laissé la place à Antonio Ponticelli (alors jeune dessinateur italien qui avait fait ses armes sur Lobo entre autres) et force est de constater qu'un fossé sépare les deux artistes. Reprenant les structures mises en place par Bendis et Medina, la comparaison n'est pas flatteuse pour l'Italien : ses visages ont des proportions étranges, certains personnages sont méconnaissables selon l'angle sous lequel ils apparaissent (c'est assez flagrant avec la victime de l'allée dont on découvre la morphologie boulotte au bout de 3 cases la mettant pourtant en scène).
Quant à l'histoire, le cadre est plutôt original : un massacre organisé de pratiquantes de la religion wiccan, de façon particulièrement horrible (on est toujours dans l'univers étendu de Spawn). Ainsi plonge-t-on, avec la police de New York fraîchement purgée de ses pires éléments (cf. premier arc), dans une chasse aux sorcières moderne qui verra surtout le détective Samuel Burke mis en avant.
Le gros souci (si on décide de mettre de côté ces scènes de dialogue débiles made in Bendis), c'est que malgré le soin porté au rythme et à l'ambiance, l'histoire sonne creux et manque d'enjeu... On se demande même à quel point l'auteur n'était pas en pilotage automatique quand on referme le volume après la révélation finale (au moins peut-on espérer que certains éléments seront réutilisés dans de prochaines enquêtes).
"Sorcellerie" tient donc plus de la respiration que la pierre angulaire, en témoignent les situations personnelles et professionnelles de nos deux héros. Loin d'être indispensable, elle a le mérite de nous offrir quand même quelques morceaux de bravoure adipeuse de la part de Sam.
NicoBax
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le 4 juil. 2012

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NicoBax

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