Chiaki et Akira : l’un est dans la lumière l’autre dans l’ombre, l’un veut gravir les échelons en politique l’autre chez les yakuzas. Yin et Yang. Un duo avec un passé commun et qui cherche à changer le Japon. C’est leur projet. Bienvenue dans Sanctuary.
On assiste ainsi à l’ascension à vitesse grand V des deux personnages, aux pièges évités et tendus, aux fidèles qui les suivent et aux traîtres qui ne sont jamais bien loin. Sanctuary dépeint un Japon à bout de souffle (le manga est réalisé alors que le « miracle économique » nippon est terminé), qui a besoin d’idées et de sang neuf pour ne pas perdre son rang face aux États-Unis ou la Russie. La lutte est féroce mais nos deux héros donnent tout pour que le Japon entre par la grande porte dans le XXIe siècle.
Il s’agit donc de prendre le pouvoir, de dévoiler les liens existants entre crime organisé et sphère politique, de faire des alliances... Le portrait du Japon n’est guère flatteur et c’est une vraie charge contre les élites au pouvoir qui se dessine dans Sanctuary. Il faut passer un grand coup de balais pour repartir sur des bases saines quitte à froisser un peu de monde.
On regrettera néanmoins que la question de la conservation du pouvoir soit délaissée, comme si l’après était entre les mains d’autres personnes : Chiaki et Akira ont ouvert la voie, à vous la suite ! Un message sans doute adressé aux jeunes générations afin de faire bouger les lignes. On sera plus sévère concernant le traitement réservé aux personnages féminins, aux coups de que*es distribuées par Tokai sans consentement, au fait que les héros trouvent toujours une solution aux problèmes qui se posent. Le prix à payer pour une telle bromance sans doute. On regrettera enfin que « la politique » soit omniprésente dans les propos des personnages sans que le terme soit toujours bien adapté, comme s'il était plaqué là faute de mieux (l’anglais distingue politics, policies et polity) : problème d’adaptation ou des dialogues originaux ?
Le petit plus : le copyright du volume 6 inclut des remerciements pour le festival d’Angoulême.
La note : Rien ne leur résiste et c'est dommage/20