Quand, il y a un moment, j'avais vu le titre et la couverture française de cet album, sur laquelle Castle quémande des munitions à la place de monnaie, je m'étais dit que c'était un gimmick intriguant, mais saugrenu. Le Punisher sans-abri, ça ne pouvait pas donner une bonne histoire, juste un délire absurde.
Mais j'ignorais que ça prenait place dans une intrigue plus vaste, et que ça découlait logiquement des évènements des albums précédents.
Et au final, le titre est très bien pensé, "Homeless", étant donné l'importance du thème du foyer dans l'album ; il est question de trouver sa place.
A sa sortie de prison, Castle est privé de toutes ses planques, et du coup de ses armes aussi. Et pourtant, il fait de la mort du Kingpin une priorité, car il règne sur toutes les activités criminelles de la ville, et est craint de tous à la place du Punisher. Pour l’atteindre, le vigilante doit trouver un moyen de faire sortir Fisk de sa tour sur-protégée.
Le passage en prison de Frank avait paru bref, car la majorité de l’album d’avant se déroulant dans ses flashbacks, ainsi ici on a l’impression qu’il se passe pleins de choses d’un coup. Le Kingpin s’associe à The hand, et obtient Elektra comme garde du corps.
L’histoire est remplie de trahisons et de twists divers… et ça en devient un brin ridicule à un moment. En fait, surtout en raison des histoires de coucheries ; on n’est pas dans un soap-opera.
Mais un truc brillant avec Jason Aaron, c’est que malgré la remise en question du Punisher précédemment, il a trouvé une nouvelle raison de le faire continuer son combat, à la fois crédible et cohérente, qui se substitue à sa précédente motivation. Et on retrouve alors le personnage tel qu’on l’aimait.
On retrouve les répliques coups de poing, "Kingpins come and go. But not me."
On retrouve le gore et la violence excessive qui en devient comique. Le combat contre Elektra est particulièrement hardcore.
Et pourtant, le Punisher n’est plus perçu de la même façon, il n’est plus craint. Ce n’est pas la première fois qu’on le présente comme vieux, mais c’est vraiment dans ce run qu’on en voit les effets. Chez Ennis, ça se manifestait par le dessin, Castle avait le visage ridé à la Clint Eastwood, mais restait une machine de guerre impossible à stopper.
C’est vraiment bien rédigé, la narration est éclatée, quand les souvenirs de Castle remontent tous à la surface en même temps, mais sans que ça soit confus, car les moments clés sont bien choisis et s’associent intelligemment.
Les réflexions en off des personnages sont bien pensées, rédigées de sorte à avoir un sens pour eux mais pouvoir porter aussi plus globalement sur l’histoire.
Etant donné que le run de Jason Aaron touche à sa fin, il va encore plus loin, très loin même, lui qui avait déjà énormément chamboulé l’univers du Punisher… mais sans jamais trahir le personnage pour autant.
Et là, au vu de ce qui se passe dans l’album, c’est clair que ce run ne se place pas dans la même timeline que certaines autres histoires. Ca a un petit côté rassurant, et en même temps c’est un peu dommage, c’est comme si on n’assumait pas totalement la direction audacieuse que prenait la série.
Il n’empêche que ce dernier Punisher MAX est vraiment sombre, violent, et tordu.
Un récit puissant.
Je ne sais pas si ça vaut Garth Ennis, c’est juste différent… et j’ai accepté l’idée.
Je regrette que ce run soit passé si vite.