Creepshow Style
Prologue en Rolls Royce avec Manx, un chauffeur volubile autant que lugubre, visage décharné par les horreurs d’une vie, ambiance Creepshow. Le personnage narre son histoire à une petite fille assise...
le 25 févr. 2016
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Prologue en Rolls Royce avec Manx, un chauffeur volubile autant que lugubre, visage décharné par les horreurs d’une vie, ambiance Creepshow. Le personnage narre son histoire à une petite fille assise sur le siège arrière, apeurée, terrorisée, tandis qu’il la conduit jusqu’à Christmasland, parc d’attractions cauchemardesque et morbide né de vieilles promesses à ses propres gamines. Toute l’horreur à venir explose de couleurs naïves dans un dessin d’enfant effrayant : une famille souriante, aux dents longues et aiguisées, « spéciales Christmasland, comme ça on pourra manger toutes les pommes d’amour qu’on veut sans jamais se faire mal ». Ce prologue est déjà une histoire en soi,
one shot à la Stephen King, père de l’auteur, Joe Hill. Et une très belle manière d’introduire un univers hommage aux productions comics et cinématographiques gores des années 80.
Les épisodes qui suivent mettent en place un voyage plus long, plus complexe, mais tout aussi angoissant, entre l’urgence d’une situation présente et les passés suspects et secrets des personnages embarqués : trois prisonniers (un intello, un violeur pédophile et un psychopathe de cirque) escortés de deux flics pour une évasion spectaculaire, et une sombre cavale qui les mène tous dans les mains de Manx, dans le confort incertain de l’inquiétante Rolls Royce. Le voyage dévoile certains pans des fausses apparences de chacun, entre rêve, cauchemar, conscience et réalité. Tandis que chacun se confesse sur sa présence dans le fourgon, les espoirs s’échouent lors d’un inextricable réveil au cœur du parc maudit : les voyageurs criminels sont cernés par des centaines d’enfants affamés, larges sourires aux dents aiguisées.
Le dessin de Charles Paul Wilson est exquis. Un vrai style, particulier, adapté au récit, sombre de nombreuses zones d’ombres, rehaussé d’éclats rouges, un dessin fin, travaillé et détaillé.
d’une aventure de sang, de rêve, de polar, pop-corn gore.
L’ouvrage se clôt sur un épilogue sous la forme d’une nouvelle illustrée, revient sur la vengeance du chauffeur, suite directe du prologue, avant qu’un très riche cahier graphique complète le plaisir de cette lecture. Enrichisse l’objet, multiforme, de perspectives éclairées. C’est
savoureux sous toute les coutures.
Joe Hill affirme, dans l’hommage à son propre père, son propre talent, et trouve dans son association à Charles Paul Wilson, le collaborateur parfait pour illustrer ses histoires de camarde galopante. C’est
on retrouve les ficelles, les mécaniques du King, on apprécie l’objet, le scénario, les frissons, le dessin. Sans Issue pour ses personnages, cette bande-dessinée est une réelle porte ouverte, béante, pour ses auteurs vers de nouveaux projets. Qu’on attendra avec intérêt.
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le 25 févr. 2016
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