Un vieux guerrier se sentant inutile, un chevalier ayant perdu la raison et … une femme serpent au décolleté affriolant.


Sans un bruit clôture ce que l’on pourrait appeler le « cycle Antipolis » de la série Donjon Potron-Minet. L’album se termine en effet par la chute définitive de la cité d’Antipolis, la disparition des grandes familles jadis à sa tête et l’abandon définitif des principes moraux et comportements chevaleresques du héros Hyacinthe de Cavallère, dont le caractère est désormais extrêmement dur et calculateur, loin de son tempérament de jadis, bercé par ses illusions de jeunesse. Il y a donc une certaine forme de nostalgie à la lecture de cet album, en se disant que désormais l’ambiance romantique et romanesque propre à la série Donjon Potron-Minet ne reviendra plus jamais, désormais tournée vers un second cycle (celui de la construction du Donjon) qui se déroulera dans une atmosphère forcément différente.


Parallèlement à cette atmosphère de fin de cycle s’ajoute le regret de lire une histoire finalement assez prévisible, malgré quelques rebondissements plaisants dans le scénario. On apprend finalement assez peu de choses que l’on ne savait déjà. Au menu des découvertes : la manière de tuer un Troll sylvestre, la première apparition chronologique (fugace) de Guillaume De la Cour, quelques personnages secondaires intéressants (le vieil Arakou, l’illuminé Miguel, le traître Patrick) et … c’est tout. Le côté « album de transition » fait de Sans un bruit un album un peu étrange, pas déplaisant, mais loin, très loin des meilleurs albums de la série. Il faut dire aussi que l’humour est plutôt discret, les dialogues moins percutants qu’à l’accoutumée et l’action parfois répétitive (des personnages prisonniers, puis évadés, puis emprisonnés de nouveau …). Surtout, la faible présence de Hyacinthe dans ce tome éloigne encore un peu plus cet album des meilleurs épisodes de la série. Bref, il y a bien sûr de l’originalité (comme toujours avec cette série), mais on s’attendait à être surpris davantage.


Cet album aurait pu être sauvé par le dessin de Gaultier. Sauf que non, même pas. Là aussi, le trait n’est pas déplaisant ; au contraire son côté très « Nouvelle vague » est bien dans l'esprit de la série. Mais la petitesse de certaines cases ne facilite pas la lecture et la maigreur de certains personnages principaux (Alexandra, Cormor, Jean-Michel …) a du mal à passer en ce qui me concerne. Ce dessin très fouilli et manquant parfois d’aération est un peu étouffant et – c’est un avis purement subjectif – n’est pas le plus mémorable de la série. En tous cas, la comparaison avec le trait fougueux et élancé de Blain n’est pas flatteuse.


Au final, un album de transition qui a le défaut de présenter quelques passages obligés de l’histoire du Donjon auxquels on s’attendait, ce qui fait que du coup la lecture est moins trépidante que pour d’autres albums. La toute dernière page est néanmoins sacrément osée et termine magistralement (et dans un atroce bain de sang …) le « cycle Antipolis » de la série Donjon Potron-Minet.

_minot_
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le 29 mars 2021

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