Sarutobi est une histoire de ninjas au moment-clé de l'histoire japonaise où les Tokugawa vont devenir la première force du Japon. Le ton est clairement parodique : un personnage dit qu'"on se croirait dans un dessin animé", il y a des références multiples à Disney, Kurosawa, etc... Il y a aussi des allusions à des figures historiques ou légendaires, qui font de brèves apparitions. Les scènes de bataille sont délibérément ridicules : les samuraï portent sur leurs bannières des marques de supermarché, certains vendent des glaces au milieu du chaos sans raison apparente. Tezuka lui-même se met en scène, dès la première case de la B. D. Bref, le ton est léger, presque trop : les problèmes des personnages sont traités à gros traits, les scènes dramatiques sont délibérément surdramatisées.
L'ensemble pourrait sembler manquer de contenu, si le but de Tezuka n'était pas de décrédibiliser toute guerre. Le héros, un ninja périodiquement privé de sa magie, complexe face aux samurai, qui n'utilisent que leurs épées. Mais Saï, son amie, lui fera comprendre qu'il n'a aucune raison de se battre : il ferait mieux de cultiver son jardin. Morale à la Candide, à mes yeux tout aussi ambigüe que dans le livre de Voltaire.
C'est Tezuka, donc c'est dynamique, avec même des trouvailles graphiques pas mal ("technique du verso de page", ha ha). Mais c'est inhabituellement foutraque. Bah, disons que même les maîtres ont le droit de se reposer de temps en temps.