Et c'est parti pour le dernier tome de la saga Sept. Ou du moins de cette première saison (faire 14 tomes pour une saga qui s'appelle Sept, ça a un côté un poil ridicule, non?). Au cour des 6 tomes précédents, on a eu des guerrières du proche-orient, des yakuzas contemporains, des missionnaires du moyen-âge, une épopée pirate et même un récit de psychopathes durant la seconde guerre mondiale. De manière assez étrange, le seul récit assumant clairement son coté fictif était Sept Voleurs qui nous avait amené dans l'heroic-fantasy. Assumant son rôle de petit dernier, Sept Prisonniers prend également le contre-pied du réalisme en offrant un récit de science-fiction, dans un univers agréable mais avec un scénario qui peine à convaincre.
En 2062, les criminels sont envoyés, via un gigantesque ascenseur orbital (que ne renierait pas Gunnm)dans la prison lunaire. Un enfer, coupé du monde, duquel personne ne peut espérer revenir. Petit détail important, depuis 2056, cette prison est entre les griffes des prisonniers, qui se sont séparés en 4 clans : blancs, noirs, asiatiques et femmes. Comme si face à l'Enfer, l'homme devait se diviser d'avantage. L'ONU continue malgré cela d'envoyer des prisonniers et de donner de la nourriture. Face aux problèmes de surpopulation et de criminalité sur Terre, la prison lunaire apparaît comme un moindre mal. Autre point important : les ressources étant insuffisante, l’anthropophagie a connu un vif retour en grâce. Inutile de dire que pour l'équipe des 7 prisonniers, c'est pas vraiment parti pour le mieux.
Or, petit point important, les prisonniers ont découvert une grotte préhistorique (Indiana Jones 4 sort de là!). Ils demandent alors un échange avec l'ONU. Qui refuse bien sur. Et c'est là que le richissime français Laroche Galouseau rentre en scène.
Il décide de se faire enfermer dans cette prison afin de pouvoir étudier cette grotte et revenir ensuite sur Terre avec ces nouvelles connaissances. Autant dire qu'il s'agit d'une double mission suicide. Heureusement pour lui, parmi les 3000 nouveaux prisonniers se trouvent 4 personnes capables de l'aider. Avec André Delage, paléontologue, ils forment donc une équipe pour cette dangereuse mission.
Un des points forts de l'histoire est que la formation de l'équipe est très rapide, car prévu par Laroche Galousseau. Si Labbé, un bon docteur qui dealait, apparaît comme la figure centrale de l'histoire, il n'en est rien. Le but de l'histoire est bien moins de raconter les aventures de 6 prisonniers que de dépeindre un futur hypothétique. Nous nous retrouvons face à un des soucis principaux de la SF : l'univers avec l'histoire. Je ne dis pas que ça soit foncièrement un mal, mais que bien souvent, le premier est développé au détriment du second.
C'est plus ou moins le cas de Sept Prisonniers, qui pour contourner la règle des sept, crée un 7ème prisonnier-cobaye, qui n'apparaît que bien peu, n'a pas d'intérêt réel dans l'histoire et ne servira finalement à rien.
La narration est assez fluctuante, le but est bien de dévoiler cet univers plutôt que de créer une cohérence scénaristique. On suit donc chacun des membres surtout pour voir l'univers, faisant des bons entre chaque point de vue.
Il faut savoir qu'un des partis pris de l'histoire est que tous sont coupables, car tous sont prisonniers. Cette idée est particulièrement bonne, car ainsi Mathieu Gabella passe outre la composition habituelle de l'équipe avec « le traitre », puisque ce dit traitre est l'équipe en elle-même, qui de toute façon est mauvaise.
Pour autant, la dite équipe manque souvent de charisme, les membres n'étant guère intéressant et plus d'une fois on les voit comme sans intérêt voir interchangeable. C'est simple, sur les 6, je me rappelle même plus très bien qui fait quoi par moment tellement que ça semble sans intérêt. Le bon docteur Labbé n'a, pour sa part, guère plus d'intérêt que de servir de narrateur initiale et de rappeler aux lecteurs que la prison lunaire c'est l'Enfer. Et qu'étant en enfer, ils sont tous des damnés, des pêcheurs.
Au final, le scénario offre un résultat moyen, les idées étant intéressantes sans être incroyables non plus et les amateurs de SF ne seront guère surpris. Malheureusement, si Mathieu Gabella offre un résultat assez sympa encore. Ce n'est guère le cas de Patrick Tandiang au dessin et de Yves Lencot à la couleur.
Pour ce qui est du dessin, Patrick Tandiang offre un travail à la va vite, c'est pas horrible mais vraiment pas soigné. On se retrouve face à du déjà vu et revu. Sans oublier que dès que nous ne sommes pas dans un cadrage type portrait, les personnages sont fait en mode brouillon. Ca manque clairement de sérieux tout cela !
Le pire étant qu'avec Yves Lencot ils réalisent un travail vraiment bâclé. C'est simple, un dessin peut être mal fait, il y a encore une certaine tolérance que malheureusement Lencot annihile totalement avec la mise en couleur. C'est pas tellement que la couleur est loupée, la majorité du temps, ça remplit même sa tache convenablement. Non, le soucis vient des faux raccords qui fait qu'on se mélange certains personnages dont les cheveux passent soudainement du gris au noir sans raison. Résultat les planches 8&9 mettent le personnage de Delage a plusieurs apparence différente. Ca permet de voir qu'en réalité si la couleur est variable, le trait de Lencot est également peu sur et les mêmes personnages verront des détails fluctuer.
Si Sept Prisonniers offre une histoire sympathique, sans être surprenante, si ce n'est pas captivant outre mesure mais jamais ennuyeux, l'effort de Gabella est cependant détruit par Tandiang qui dessert totalement l'histoire avec un travail peu soigné donnant le vague sentiment qu'en réalité, il se foutait de ce tome. Triste manière de finir la première saison de la saga Sept. Heureusement ou malheureusement, nous avons 7 autres tomes pour se défouler.