Lourde tache que celle de Luca Blengino, Denys et Delf, chargés respectivement du scénario, du dessin et de la couleur. Ils doivent offrir le nouveau premier tome de la saga Sept de Delcourt qui a le culot de s'offrir une seconde saison, passant ainsi le nombre de tome de 7 à 14. Heureusement, Blengino use intelligemment de stratagème pour mettre en place sa propre équipe de sept membres, permettant ainsi de relativiser l'importance du chiffre ultime.
Prenant le contre-coup des histoires, principalement réalistes, des précédents récits, Sept Survivants assume son aspect zombie. Car, quand on nous parle de survivants et de danger, à quoi d'autres que des zombies, pouvons nous encore penser ? L'équipe n'existe pas dans Sept Survivants, ce sont sept survivants qui n'ont pas d'autres choix que de travailler ensemble, mais surtout pas une équipe.
Un homme et sa mère perdu, un médecin, son petit-frère et la sœur volage du grand qui se tape le petit, un couple de dealers et un policier à leur trousse. Tels sont les protagonistes de ce récit. Ils se retrouvent tous prisonniers d'un tunnel infernal duquel il semble impossible de sortir. Et qui sont ces zombies desséchés qui cherchent à les tuer ?
Sept Survivants est dans la droite ligne des récits à la Stephen King. Il apparaît presque impossible de ne pas retrouver la marque du romancier avec ce genre d'ennemi invincible, inconnu, sortant d'un autre plan d'existence tant il semble étrange. On nous apprend, à travers les films, à tuer les cyclopes, les vampires, les loups-garous. Mais comment affronter un tunnel démoniaque ?
L'intérêt du récit est clairement d'être surprenant, comme un Stephen King. Et comme tant d’œuvres de ce type, les personnages manquent clairement de charisme. C'est pas qu'ils ne sont pas intéressants, mais tous sonnent stéréotypés au possible.
Le médecin prétentieux, coincé dans un mariage où aucun des deux partis n'est heureux. Sa femme, une nympho insatisfaite qui déteste son mari et le trompe avec son frère. On a un couple de dealer avec évidemment l'homme sérieux et la fille accro, pourchassé par un flic, qui était évidemment une sorte de symbole pour les siens jusqu'à ce qu'une terrible mission se passe mal, depuis ça le hante. Enfin, on a un innocent qu'on sait dès sa première apparition qu'il ne peut pas l'être.
Les personnages remplissent de tels codes qu'on ne peut avoir aucune surprise avec eux.
Heureusement, Denys et Delf font du bon boulot dessus, certes, c'est pas incroyable et pas trop innovant. Mais ça colle à l'ambiance et c'est le plus important. Le dessin est propre et les teintes plongent le lecteur dans cette ambiance de tunnel maléfique.
Le scénario avance avec un rythme narratif plutôt bon, qui empêche l'ennuie, sans pour autant surprendre trop mais amené de bonnes idées. On ne s'ennuie pas, c'est clair. Rétrospectivement on note le manque d'imagination par endroits, mais est ce si important ? Lucas Blengino n'a que 62 pages pour nous conter son histoire et il réussit à bien le faire, avec un rythme parfaitement maitrisé.
L'issu de la saga paraît, de ce fait, à la fois totalement prévisible au vu du sujet, et terriblement surprenant en comparaisons des habitudes de ce genre d'épopée en équipe. Ça montre toute l'ambivalence du récit.
Alors, certes, on a pas un chef d'oeuvre, loin de là. Mais Sept Survivants remplit parfaitement son taf, on a une histoire complète, réussie, plaisante. Peut être parfois un peu trop conventionnel mais avec une petite dose de surprise bien maîtrisée. On voulait une histoire complète qui tienne la route, on l'a.
Par rapport à Sept Psychopathes, le premier tome de la première saison, on voit une plus grande maîtrise du format. Espérons que ça sera effectivement le cas, tout le long de la nouvelle saison de Sept.