Sept yakuzas
6.9
Sept yakuzas

BD franco-belge de Jean-David Morvan et Takahashi Hikaru (2008)

Avant-dernière équipe de la saga Sept, les yakuzas se réunissent pour un des tomes les plus séduisants de la série, le tout sous la plume de Jean-David Morvan et le crayon de Takahashi Hikaru. D'ailleurs, sans vouloir tomber dans le cliché, c'est quand même plaisant de voir un japonais travailler sur cette histoire qui se déroule dans le Japon contemporain. Les deux artistes se sont rencontré grâce au célèbre mangaka Taniguchi, star du manga particulièrement réputé en France. Soulignons également que Morvan, c'est juste le papa de Sillage au hasard, autant dire que dans le milieu de la BD franco-belge, il pèse, le garçon !
Pour autant, une BD, c'est pas juste des jolies noms les uns à la suite des autres, c'est avant tout un travail d'ensemble, un scénario, un dessin, une mise en page, un propos.

A ce titre, la mise en page, sans être dynamique est cependant efficace et permet de raconter beaucoup de chose pour chaque planche. Or l'histoire compte 75 planches. Donc autant dire que c'est quelque chose de lourd, puisqu'il s'agit du récit le plus long de la saga Sept. Allié à une narration de qualité, les informations fourmillent et jamais on ne s'ennuie.
Avant de rentrer à proprement parlé dans l'histoire, un mot sur le dessin. Celui-ci est efficace, quelques détails renvoie à la culture manga, mais ça reste du franco-belge assez sombre, très abrupte et franc. C'est pas un dessin propre et lisse, mais plutôt sinueux et efficace. On est vraiment dans le sujet.

Kotobuki Ichiro est un vieux chef d'un clan de Yakuzas. Âgé de 95 ans, le bonhomme en a vue passé dans sa vie. Bien que vieux, il n'en est pas stupide et son esprit a gardé toute sa puissance, malgré une mélancolie face à la vie. Une vie qui est menacé lors d'une procession. Un clan rival cherche à l'assassiner. Qui et pourquoi ? La contre-attaque devant être rapide et décisive Kotobuki va s'entourer, plus ou moins volontairement, d'une équipe qui saura lui être utile pour une expédition punitive.
Et là, on entre dans le nerf de la guerre avec la fameuse question de l'équipe. Il faut savoir que chaque tome de la saga Sept est constitué autour d'une équipe qui a une mission. On a la mission, mais l'équipe de sept personnages ... Ba, elle va se former, et petit à petit en plus. Et on aura un récit à chaque fois, une description assez longue et précise. Or, ceci est un pari risqué, car si c'est mal amené on peut perdre une bonne partie du scénario pour pas grand chose et donner un côté lent à la narration.
Ce n'est évidemment pas le cas. Deux raisons à cela : une pour le fond et une pour la forme. Sur la forme, c'est tout simplement que chaque membre est engagé pour ce qu'il peut faire et non l'inverse. Je vais m'expliquer : prenons Sept Voleurs, on découvre les membres puis ensuite leurs fonctions, idem pour Sept Psychopathes. Or, là, c'est l'inverse, les personnages imposent leurs caractéristiques (amis déchus, ange protecteur, vendeur d'arme) avant d'être définis eux-même. Les personnages font donc avancer le récit, d'autant plus que l'équipe n'est pas formé petit à petit mais se retrouve presque contrainte d'exister sous cette forme. Par exemple, alors qu'ils sont 4 à leur visite chez l'armurier, ils ne se comptent que comme 3. Un détail, certes, mais qui montre ici que l'équipe est faite par l'histoire, et non l'inverse. Subtilité scénaristique ayant permis d'avoir un bon récit.
L'autre raison, dans le fond donc, est que le véritable propos de l’œuvre n'est pas le combat des Yakuzas. Un bon récit aura toujours un propos très différent de son sujet. Ici, l'idée est d'offrir une vision du Japon à travers différents récits de vies. On notera que plus on avance dans l’œuvre plus les personnages sont jeunes. On part du chef des Yakuzas qui a grandit dans les années 20-30 à celui qui est encore un adolescent dans les années 2000. On voit l'évolution. L'histoire est donc une aventure, avec des yakuzas, mais qui est un prétexte pour offrir 7 récits de vies, 7 trajectoires plus ou moins différentes. Le but : donner une fraction de l'évolution japonaise.

On a pas de réponse concrète, on ouvre des pistes, notamment sur l'américanisation du Japon, la perte de la culture traditionnelle, l'oublie des valeurs, etc ... Les personnages sont atypiques, variés et intéressants, presque attachant. Le scénario est lui même très fin et sans compromis. A part quelques morts que j'ai trouvé très artificiels et finalement peu intéressant, le récit est vraiment somptueux. J'avais adoré Sept Missionnaires, mais Sept Yakuza va encore plus loin, en offrant une BD qui possède un vrai propos, un fond superbe, une magnifique problématique.
Je crois qu'on peut le dire, on a le meilleur des Sept !
mavhoc
8
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le 23 juin 2014

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mavhoc

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