Et Hop ! Il est temps de parler de Serena, une bande dessinée de Anne-Caroline Pandolfo (scénario) et Terkel Risbjerg (dessins) sortie aux éditions Sarbacane.
Cette bande dessinée s’inscrit dans une mode présente depuis quelques années dans le 9ème art : l’adaptation de roman. Ce genre d’exercice est finalement assez complexe car il faut éviter de nombreux écueils. Par exemple, il faut faire en sorte de ne pas se contenter d’illustrer le texte du roman original mais y apporter une plus-value, un intérêt à l’adaptation. Il ne faut pas non plus trop dénaturer l’œuvre originale sous peine de s’attirer les foudres des fans de la première heure. Je vous rassure, Serena est un bon exemple d’adaptation de roman ! Les planches ne sont pas surchargées de textes issus du roman. Les sentiments et attitudes des personnages sont parfaitement retranscrits graphiquement et ne nécessitent donc pas d’explications textuelles. La narration est donc fluide, efficace et rend grâce au matériaux de base — contrairement au film du même nom sorti il y a quelques temps dans l’anonymat le plus total malgré deux têtes d’affiches « bankables ».
Serena est donc l’adaptation du roman éponyme de Ron Nash dans lequel nous suivons l’histoire d’une femme forte dans les États-Unis des années 30. C’est une femme au passé trouble qui ne se laisse pas marcher dessus et qui réussit à s’imposer dans une exploitation forestière. Totalement insensible et déterminée, elle impose sa politique à l’entreprise de son mari et devient au fur et à mesure du récit totalement hors de contrôle. Sa folie des grandeurs l’amène à faire des choix radicaux correspondant à l’adage selon lequel « la fin justifie les moyens ».
Mais « Serena » n’est pas que l’histoire d’une femme criminelle et dominatrice. C’est aussi un récit avec des teintes féministes, notamment au début du récit, lorsque Serena réussit à s’imposer dans le monde de mâles de l’exploitation forestière avec une simplicité et une force déconcertantes. On peut aussi noter une petite teinte écologique avec les dérèglement de la chaîne animalière provoqué par l’action de Serena.
Bref, « Serena » est un récit prenant et captivant. Toutes les questions posées lors de la lecture n’obtiennent pas forcément de réponse rendant le personnage de Serena encore plus fascinant. Le style graphique expressif et dynamique fait penser à Blain ou Sfar. Le tout est mis en couleur efficacement. Le couleurs sont souvent sombres mais Serena est toujours mise en avant avec une palette de couleur vive et un crinière rougeoyante à l’image de son caractère.