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Chaque jour que je passe avec toi est comme une nouvelle fleur qui pousse.

Misaki est un étudiant en botanique et assistant du professeur Tsujimura; délicat et assez discret, il peine à se mélanger aux autres.

Arikawa est un étudiant en droit; aussi brillant qu'ingénu, il travaille dur et est apprécié de tous sans pour autant avoir de réelles attaches.

Un jour, le professeur Tsujimura annonce à Misaki qu'il a choisi Arikawa pour l'aider dans son travail d'assistant. Misaki, de nature solitaire, est d'abord peu enchanté par cette nouvelle mais les deux jeunes garçons noueront sans le voir venir une relation spéciale qui poussera chacun d'eux à remettre en question leur relation avec leur entourage.

À fleur de peau

Seule la fleur sait (SFS) est un manga de romance yaoi typique où deux personnalités opposées vont venir se compléter. Cependant, là où SFS diffère des autres yaoi, c'est par son côté très doux et poétique nous montrant principalement comment ces deux personnages à priori incompatibles vont finir par se mettre ensemble, et non pas comment ils vont vivre et faire évoluer leur relation amoureuse.


Ici, nous assistons à une sorte de "premier amour" avec des personnages qui ne l'ont jamais connu (Misaki) ou pas de cette manière (Arikawa) et se retrouvent donc désemparés face à leur sentiments et leurs aprioris, sans compter la maladresse dont ils font preuve de par leur jeunesse et leur inexpérience.


Ce n'est pas pour le scénario que l'on lira ce manga (bien que la narration parvienne à s'écarter assez naturellement des clichés et offre un cadre original) mais bel et bien pour son atmosphère rêveuse et ses personnages sortant des sentiers battus. En effet SFS est une histoire avec peu d'enjeux à première vue mais qui se révèle par la manière dont elle va faire évoluer les sentiments de ses personnages de façon naïve mais emprunte d'une riche sensibilité. Une rencontre déterminante qui viendra en effet bousculer leur vie mais cela se fera toujours avec tendresse et innocence.


L'amour vient comme une fleur

Les personnages sont en effet une bouffée d'air frais de par leur spontanéité et leur naturel.


D'un côté nous avons Misaki Shôta, un jeune homme réservé qui a du mal à interagir avec les autres. Passionné par ses études, il a tendance à préférer la solitude de son laboratoire de recherche aux sorties entres amis. C'est un garçon qui semble fragile aux premiers abords mais qui a également du répondant et peut se révéler assez cassant. Néanmoins il reste un personnage au cœur très pur, une facette de lui qui le poussera d'ailleurs à se renfermer sur lui-même, à la fois effrayé à l'idée de blesser son entourage mais aussi apeuré par les sentiments qu'il semble développer au contact des autres garçons.


Arikawa Yôichi, de son côté, est un garçon au bon fond qui fait les choses à son rythme et ne réfléchit jamais trop, préférant se laisser porter, ce qui lui fera parfois perdre le contact avec ce qui l'entoure. Si il peut paraître assez naïf, voir maladroit avec son naturel désarmant, il n'en reste pas moins quelqu'un de lucide qui comprendra très vite l'effet de sa rencontre avec Misaki qu'il cherchera donc à connaître puis à conquérir.


Disons-le, ce duo fonctionne à merveille, à tel point que leur rencontre nous paraît dès le début être dans l'ordre des choses. Ils ont beau ne pas forcément se comprendre, leur présence l'un aux côtés de l'autre devient presque immédiatement une évidence, à tel point qu'eux-mêmes s'y laissent prendre sans même s'en rendre compte. C'est cela qui poussera à la fois Misaki à étouffer ses sentiments mais qui encouragera également Arikawa à foncer sans plus se poser de question. Un couple sain, touchant et entier qu'on ne pourra qu'apprécier.


Il y aura aussi quelques rares personnages secondaires tel le Professeur Tsujimura qui permet de venir faire le lien entre nos deux protagonistes maladroits et d'apporter au récit quelques touches d'humour et de légèreté bienvenue. On peut également citer Kawabata, une ancienne connaissance de Misaki qui viendra jeter le trouble entre nos deux héros et qui nous montre bien que même avec toutes les bonnes intentions du monde, il n'est pas toujours facile d'exprimer ses sentiments de manière saine ou rationnelle, en faisant un "antagoniste" rafraîchissant lui aussi si on peut dire.


Nous avons donc en globalité plusieurs personnages aux tempérament très opposés mais desquels émanera finalement la même douceur qui viendra donner tout son cachet à l'œuvre.


Pas toujours fleur bleue

En effet, le manga est principalement pensé pour être poétique avant toute chose et cela se voit par l'évolution de la relation des personnages qui reste très chaste mais aussi par les graphismes très aérés. Il y a peu de bulles de dialogues, presque aucune trame, les expressions des personnages sont peu appuyées, les lieux bucoliques et les personnages rarement entourés d'une foule de gens, bref, tout est fait pour que l'histoire se focalise avant tout sur les deux protagonistes principaux et uniquement eux.

Le dessin en lui-même est particulier, celui-ci se rapprochant bien plus du style josei que yaoi. Il peut parfois être maladroit au niveau des proportions, des mouvements ou des expressions des personnages qui sont un peu raides mais est loin d'être mauvais pour autant et possède un charme certain. Et que dire des couvertures qui sont juste magnifiques, chacune venant illustrer un des moments fort du tome en question. La thématique des fleurs reviendra également dans le visuel, donnant une ambiance là encore très délicate à l'univers.


Cependant, malgré toutes ses qualités, le manga a malheureusement un défaut que la plupart de ses lecteurs auront relevé. Et ce défaut, c'est son Tome 3.

Un tome qui tente de régler une dernière intrigue assez complexe en un seul tome (intrigue assez intéressante par ailleurs puisqu'elle permet de revenir sur la psychologie de Misaki) et qui du coup escalade un peu trop vite à plusieurs niveaux, ce qui donne un sentiment de conclusion un peu trop rapide.

Mais ce qui nous gênera principalement dans ce dernier tome, c'est bel et bien l'intégration d'une scène fanservice qui laisse dubitatif. Attention, si ce genre de scène "conclusive" est un procédé propre au genre yaoi (ce qui n'est donc pas forcément un défaut en soi), le problème ici est qu'elle est très très mal amenée. En effet, là où auparavant on avait tout du long une romance principalement platonique, dans ce tome final la relation entre Arikawa et Misaki saute tout à coup des étapes sans crier gare et on finit même par se retrouver avec une scène +18 (heureusement assez courte) écrite de manière tellement grossière qu'on a plus l'impression qu'elle vient gâcher tout ce qui a été fait auparavant plutôt que de nous montrer un bel aboutissement pour le couple. Sans être ouvertement pornographique ou plus simplement condamnable pour l'intrigue globale, ce qu'on lui reprochera est surtout son manque de finesse, de poésie et plus étrange encore, de douceur à laquelle on était habitué jusqu'ici. Je veux dire, on peut faire de l'érotisme sensuel sans tomber dans le voyeurisme, c'est probablement ce à quoi tout le monde s'attendait si une scène de ce genre devait bel et bien arriver dans le manga, mais Takarai est malheureusement passer à côté pour la fin de son récit et cela viendra finalement entacher l'ensemble de l'œuvre...


Un défaut que l'on retrouvera d'ailleurs en partie dans le tome spin-off Fleur et sens qui vient servir d'épilogue à la romance de notre jeune couple.


– Fleur et sens –

Dans la fleur de l'âge

Fleur et sens (Hana no Miyako de) est donc un tome spin off divisé en deux parties sorti peu après la fin de la série originale.


La première partie nous conte la jeunesse du nonchalant professeur Tsujimura Motoharu qui était amoureux de son meilleur ami, le strict et sérieux Hasumi Akira qui n'était autre que le futur grand-père de Misaki.

Une histoire là encore tendre et poétique à la conclusion douce-amère cependant qui nous rappelle malheureusement la triste réalité dans laquelle certains couples évoluent parfois encore de nos jours (d'autant plus au Japon).


La seconde partie est donc la suite directe de Seule la fleur sait intitulée Floraison (Hana no Migoro ni) où l'on suit Misaki et Arikawa quelques temps plus tard et qui sont désormais un couple uni mais encore jeune. Si le tome reste toujours agréable, il perd quand même en qualité via l'intrigue proposée où au lieu d'avoir une histoire simple et poétique comme dans l'œuvre de base, nous place ici dans un contexte beaucoup plus réaliste (Misaki et Arikawa emménagent ensemble, doivent trouver du boulot, annoncer qu'ils sont en couple à leurs proches, etc.), une vision plus terre à terre qui se révèle un peu moins romantique et romanesque. De plus, on remarque là encore la présence de scènes érotiques supplémentaires. Si cela est désormais plutôt logique vu que nos deux héros se fréquentent depuis maintenant un moment, encore une fois on passe à côté de la douceur originale de l'œuvre pour tomber dans du pornographique pur et simple qui n'a pas grand intérêt dans l'évolution de la relation entre nos deux personnages, nous prouvant à nouveau que l'auteure aurait peut-être mieux fait de s'abstenir pour cette œuvre, yaoi ou non (d'autant plus qu'on est quand même plus proche du simple shônen ai que du véritable yaoi à la base).

On retiendra malgré tout la conclusion de cet épilogue et donc de l'histoire de nos deux héros qui reste elle extrêmement touchante en revanche !


La fine fleur du BL

Bien qu'entaché par un dernier tome maladroit, Seule la fleur sait fût tout de même lors de sa sortie une bouffée d'air frais dans l'univers des mangas Boy's Love de l'époque généralement emplis de voyeurisme et de relations tout sauf réalistes. En effet Seule la fleur sait était une jolie porte d'entrée pour tous ceux qui souhaitaient découvrir le genre sans passer par la case "yaois pour midinettes" qui avaient tendance à inonder le marché à ses débuts et qui, soyons francs, n'étaient à quelques exceptions près, que des histoires fast food sans réelle recherche. Si Seule la fleur sait ne parlera pas forcément à tous à cause de son côté très prude digne des shôjo habituels, il demeurera cependant une des plus belles œuvres pour celui qui saura apprécier.

DuotakunoSora
8
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le 3 juil. 2022

Critique lue 20 fois

Duotaku_no_Sora

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