Shaman King
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Shaman King

Manga de Hiroyuki Takei (1998)

Le roi des shaman a perdu l'esprit

Dans la même veine de toutes ces séries qui ont fait mon bonheur comme Naruto et Gunnm, Shaman King est une série que j'avais adoré à ses débuts mais dont l'intérêt à furieusement décliné au fil des tomes. Je crois même que ce manga a été la première série à m'apprendre la dureté de la vie: il ne suffit pas d'avoir des idées excellentes au début pour faire une bonne série, il faut aussi durablement inspirer l'intérêt en égrainant les bonnes idées tout du long. Ainsi même un manga qui part sur les chapeaux de roue peut devenir affligeant au fur et à mesure, lentement mais surement.


Pendant la première partie du manga on a un shonen qui avait tout pour plaire: un univers basé sur les relations entre les fantômes et les êtres humains capables de les manipuler. L'univers même de la série fait très marginal, les shaman sont des êtres à part dans la société. Les looks des personnages jurent totalement avec le monde moderne dans lequel ils vivent, que ce soit Yoh en mode babacool, Ryu déguisé en Elvis avec une banane géante, Lyserg en costume londonien du siècle dernier. Bref l'univers est au top d'autant qu'il prend des shamans aux inspirations aussi diverses que variées: Ren avec son fantôme de cavalier chinois, Horohoro avec son espèce de fée, Yoh et son fantôme de samurai, les amérindiens avec leurs fantômes d'animaux, Faust manipulant des squelettes, un vampire, des bouddhistes; et encore beaucoup d'autres. On sent beaucoup d'influences culturelles de tout les côtés du monde, vraiment difficile de ne pas adhérer.


Vers le tiers du manga, la suite du shaman nous est présentée comme un simple tournoi où des groupe de trois s'affrontent, les membres de l'équipe des vainqueurs devra se battre entre eux pour déterminer le seul et vainqueur digne d'être le shaman king. Je n'avais pas pris la nouvelle très bien à l'époque, l'idée d'un tournoi ne m'emballait pas plus que ça surtout après la trop courte période road movie à travers l'Amérique qui avait précédé. Mais l'auteur a voulu nous offrir autre chose qu'un bête enchainement de combats linéaire au possible, si on aurait pu croire l'intention louable au départ on est bien obligé de se faire la réflexion (même quand on a 13-14 ans et qu'on lit l'un de nos tout premiers mangas) que ce parti pris de ne pas tomber dans le classique nous amène progressivement vers la catastrophe la plus totale. Finalement on en vient même à se dire que le tournoi con et sans heurts aurait été plus réussi que cet immense cafouillage incompréhensible.


Première erreur fatale : beaucoup trop de personnages. Trois forces émergent durant le shaman fight, les groupes neutres comme nos héros ne sont pas pris en compte. Les sbires de Hao, les Gandhaba le groupe bouddhiste, et les Xlaw.
Si les Xlaw sont intéressants de part le contraste entre les anges qu'ils utilisent à des fins vengeresses et la pseudo pureté de leur combat que semble défendre L'Iron Maiden, ce n'est pas le cas des deux autres camps qui sont clairement inintéressants.
Pour le Gandhaba il n'y a quasiment rien à dire, les membre ne sont quasiment pas nommés, la majorité du groupe n'a même pas de nom. Vous avez bien lu, on n'en est même pas au stade de ne pas avoir de background, non ils n'ont carrément même pas le droit d'être appelés si c'est pas malheureux. Hormis Sati, la prêtresse et le groupe qu'affronte l'équipe de Ren on ne sait même pas pourquoi l'auteur s'est embêté à les dessiner. Des gus lambda avec des masques auraient largement suffi.
Pour les mecs de Hao c'est un peu le même souci mais en moins grave, ils ont des noms, on connaît tous leurs pouvoirs, par contre ce qu'ils viennent faire ici, leur rapport avec Hao et les raisons de leurs fidélité nous échappent totalement. Ils ont tout d' une grosse team rocket qui perd sans arrêt mais qui parfois écrase nos héros sans difficulté et sans raison apparente. Ils n'ont strictement aucun background, l'auteur suggère des trucs qu'il n'explicite jamais vraiment comme si lui même n'était pas intéressé par les points qu'il mettait en exergue. Il est virtuellement impossible de ne pas se demander pourquoi ils ne sont pas encore morts depuis des lustres tant ils n'apportent rien.
Ajoutons les tripotées de participants neutres qui ne font que complexifier inutilement l'histoire comme Mikihisa et les gosses au golem par exemple, et d'autres personnages comme Manta Anna et Tamao qui se joignent à tout ce boxon alors que concrètement ils n'ont aucun vrai rôle dans le shaman fight. Quand à tout ces personnages de passage comme le père de Horohoro, l'égyptien qui s'en prend à l'Iron Maiden et le père de Manta on n'a juste aucune idée de pourquoi ils sont venus se perdre dans tout ce chantier. Mention spéciale à l'égyptien qui apparaît sans prévenir, tue Maiden (qui ressuscite le tome d'après) et qui accompagne passivement Anna en étant attaché jusqu'à la fin de la série. Si quelqu'un peut m'expliquer pourquoi ce perso à été inventé je lui offre un carambar.


Deuxième grosse erreur : avoir voulu chiffrer le furyoku. D'entrée de jeu l'auteur nous annonce que la force de notre grand antagoniste dépasse les 1 000 000 000, si ce chiffre ne nous évoque pas grand chose de prime abord, la comparaison est flagrante avec nos héros qui eux ne se chiffrent qu'entre 10 000 et 2000. Bref ils sont si faibles que même les larbins de Hao leur mettent la pâtée. Cet écart de force s'avère encore plus ennuyeux du fait que l'auteur avait annoncé d'entrée de jeu qu'il était impossible d'augmenter sa puissance initiale par l’entraînement physique. Monter en puissance signifierait mourir. Et sans surprises et à mon grand dam , c'est la porte ouverte aux morts et résurrections intempestives pour permettre à nos héros de gagner en furyoku : Ren meurt trois fois, Chocolove 2 fois, Yoh une fois, Ryu et Lyserg une fois, Chocolove deux fois. Bref les usines on meurt / on revient fonctionnent à plein régime avec l'Iron Maiden et Sati qui nous ramènent nos joyeux larrons d'un tome à l'autre. Les rapports de force sont complètement bousculés, sans arrêt, les ennemis invincibles de la veille deviennent les victimes du lendemain et inversement parfois même les plus mauvais se mettent à exterminer des personnages hors de leur portée. Ces chiffres sont d'autant plus pénibles par leur incohérence : Ren et Yoh sont les plus faibles du lot alors qu'ils sont morts (ou ont fait l'expérience de la mort) plus de fois que les autres, moins forts même que Lyserg et Horohoro qui ne sont morts qu'une seule fois.


Tout ce qu'on sait c'est que Hao est ridiculement trop fort et que l'auteur en désespoir de cause s'est amusé à inventer mille parades contre lui qui n'auront quand même servi à rien étant donné qu'encore à la fin personne ne lui arrivera à la cheville. Ces errances autour du comment vaincre le grand méchant ont forcément eu raison de la patience des éditeurs et surtout des lecteurs qui ont lâché année après année au point de forcer l'auteur a conclure son manga plus rapidement qu'il ne l'avait prévu. Effondrement des ventes oblige.


Ces écarts de furyoku nous amènent souvent à des situations qui font bien pitié. Nos héros passent par exemple plusieurs tomes à fuir le golem, ou à battre en retraite à dos d'ange devant ces minables de la team Hao. Autre exemple, le combat de Horohoro contre l'homme Lego (sigh), où notre tête bleue se voit obligé de lancer une combinaison d'oversoul bidons pour ne même pas avoir au final la force d'achever son ennemi. Personnellement je trouve que ce combat est l'un des plus mauvais de la série. Tout d'abord il laisse entendre que même des faibles peuvent vaincre plus forts qu'eux en s'en donnant les moyens alors que la victoire en elle même est tout sauf épique et ne met pas du tout en valeur le personnage. Ensuite elle laisse aussi entendre que nos héros pourront réaliser leur rêve avec leur puissance actuelle et dieu sait à quel point ce ne sera pas le cas. On ne reparlera même jamais de leurs rêves personnels, hormis vaincre Hao plus personne n'a d'objectif propre passé la moitié de la série. Et puis les techniques de nos héros évoluent tellement que ça en devient lassant. Lyserg doit changer 3 fois d'oversoul, Ren 3 fois, Horohoro au moins 4 fois, Yoh 3 ou 4. Et tout ça en 32 tomes, il fallait vraiment le faire.


(Petite parenthèse pour dire que rien n'égalera jamais le mauvais goût du Orochi avec des roues de Ryu. Dégueulasse!!)


Enfin, on peut admettre qu'on ne comprend pas grand chose à ce qu'il se passe en règle générale. Entre ces profusions de personnages qui veulent se tuer puis en fait non, le père de Manta et son armée, Hao qui prend un bain avec nos héros, Opacho qui vient se taper l'incruste dans l'équipe, les anges qui se transforment en voiture, le fameux retour de Matamune qui n'aura jamais eu lieu... C'est confus, limite débilisant tellement on n'a plus aucune idée de qui veut quoi dans ce manga. Nous avons également largement de quoi nous noyer avec toutes ces sous intrigues obscures laissées en suspense ou peu expliquées. Je ne comprendrais jamais l'histoire autour du mini diable et des pouvoirs de Opacho qui peut lire dans les pensées. Je ne vois même ce que c'était censé apporter à l'histoire ou au personnage tant on s'en balance à un point c'est phénoménal ! Pourquoi même en parler si ce n'est explicité ? On s'en cogne d'Opacho c'est un personnage de merde ! Dans le même genre je pourrais aussi parler des trois jeunes sorcières, on laissait entendre qu'elles avaient un lourd passé qu'il aurait été intéressant de dévoiler mais qui nous sera jamais expliqué et restera un mystère abandonné par l’auteur. Voilà, voilà.


Pour moi, le comble du foutage de gueule est sans aucun doute l'histoire HS sur les voitures dans le tome 26 ou 27. On ne pige plus rien depuis des lustres et l'auteur trouve encore moyen de prendre la moitié d'un tome pour partir sur quelque chose qui n'a rien à voir avec le shaman fight ni même avec aucun personnage de la série et de nous endormir avec des courses de voiture de luxe. Juste waow !! J’achetais ce manga avec mon argent de poche à l'époque, quand j'ai ouvert le tome chez moi j'étais tellement désespéré d'avoir acheté cette daube que j'étais à la limite de retourner chez mon libraire habituel demander un remboursement d'au moins la moitié du prix du volume. Parce que acheter du shaman king c'est bien quand c'est du shaman king, le délire need for speed c'est bien gentil mais j'en ai rien à battre.


Les deux derniers tomes sont une suite de combat contre les paches en mode Saint Seiya, chaque indien étant gardien d'une salle. Ca reste classique et pas folichon mais c'est toujours plus intéressant que le reste. Pour ce qui est de la vraie fin (et pas cette vomissure qu'à été le "Princesse Hao dans le rêve de Manta) elle se poursuit dans Shaman King Kang Zeng Bang jamais sorti dans nos contrées. Attention spoil pour ceux qui se seraient arrêtés à la fin du manga au tome 32!!
Vous êtes prêts c'est bon? Voilà ce que vous avez raté!!
Les combats se poursuivent contre les paches,
Hao s'empare du King Spirit et détruit le monde
Le combat se lance contre Hao et tout nos héros utilisent les esprits des éléments, c'est très bref ça doit faire un chapitre grand maximum
Tout le monde fait un grand câlin à Hao pour lui dire d'arrêter. Vous n'avez pas la berlue, tout le monde lui fait un free hug, même les nullos no name qui sont morts depuis le début de la série
On suit le gosse de Anna et Yoh, le monde a été sauvé, Hao est devenu dieu et il observe les gens qu'il a épargné.
Ouf, n'est ce pas?
L'auteur ne savait tellement pas comment rendre possible la défaite de Hao qu'il lui a tout simplement fait changer d'avis et renoncer à l'envie de tuer tout le monde.
PA THE TI QUE

Algernon89
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le 2 avr. 2016

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