Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏

Shangri-La
7.4
Shangri-La

BD franco-belge de Mathieu Bablet (2016)

Quand Mathieu Bablet décolle dans l’espace

Avec Shangri-La, Mathieu Bablet nous offre un récit de science-fiction à la fois ambitieux et visuellement impressionnant, qui explore des questions profondes sur la société, la consommation, et l’avenir de l’humanité. Mais attention, derrière les paysages cosmiques somptueux se cache une dystopie qui aime un peu trop son miroir moraliste.


L’histoire se déroule dans une humanité exilée sur une station spatiale gigantesque après la destruction de la Terre. Entre une société hypercontrôlée par un géant corporatif omniprésent et des personnages en quête de liberté ou de révolte, Shangri-La promet une réflexion sur l’éthique, l’humanité, et le progrès. Mais parfois, à force de vouloir tout critiquer, on finit par se perdre dans l’inventaire des problèmes.


Les personnages sont variés et, pour certains, attachants. On suit Scott, un technicien un peu désabusé, qui se retrouve mêlé à des événements bien plus grands que lui. Autour de lui gravitent des figures plus ou moins marquantes : des rebelles, des idéologues, et des victimes du système. Mais si la galerie est riche, certains personnages manquent de profondeur ou tombent dans des stéréotypes un peu prévisibles.


Visuellement, Mathieu Bablet est dans son élément. Les planches regorgent de détails et capturent parfaitement l’immensité froide et oppressante de l’espace. Les décors futuristes sont aussi magnifiques qu’effrayants, et le style graphique, avec ses traits précis et ses couleurs saisissantes, donne vie à cet univers dystopique. Chaque page est un tableau qu’on pourrait contempler longuement, mais cette richesse visuelle finit parfois par écraser l’histoire.


Narrativement, Shangri-La brasse large : critique du consumérisme, réflexion sur le transhumanisme, et dénonciation de la manipulation des masses. Mais cette ambition se retourne parfois contre l’œuvre. Le message, bien que pertinent, est souvent surligné et manque de subtilité. On a parfois l’impression d’un manifeste déguisé en bande dessinée, ce qui peut fatiguer ou distraire de l’intrigue principale.


Le rythme, quant à lui, peut sembler inégal. Certaines parties s’étirent en contemplations ou en discours philosophiques, tandis que d’autres moments d’action ou de tension passent trop vite. Cela crée une impression de déséquilibre, comme si Shangri-La hésitait entre le blockbuster et l’essai sociologique illustré.


En résumé, Shangri-La est une œuvre visuellement éblouissante et thématiquement ambitieuse, mais qui souffre parfois d’un excès de zèle dans son discours. Si vous aimez les récits dystopiques qui mêlent réflexions philosophiques et fresques spatiales, vous y trouverez de quoi rêver (et méditer). Un voyage dans l’espace qui brille par sa forme, mais qui, côté fond, oublie parfois que la subtilité est une étoile difficile à atteindre.

CinephageAiguise
7

Créée

le 31 déc. 2024

Critique lue 4 fois

Critique lue 4 fois

D'autres avis sur Shangri-La

Shangri-La
belzaran
5

Une critique du consumérisme caricaturale

« Shangri-La » avait marqué l’année 2016. L’album de Mathieu Bablet, lourd de ses 220 pages, proposait une couverture racée et intrigante et une science-fiction de qualité. Devant les promesses,...

le 13 déc. 2017

49 j'aime

2

Shangri-La
Gendar
8

Critique de Shangri-La par Gendar

Avant d'attaquer le contenu, je tiens déjà à saluer l'effort d'Ankama pour la forme. Moins de 20€ pour une BD couleur grand format de plus de 200 pages avec un dos tissé, c'est pas tous les jours que...

le 19 sept. 2016

44 j'aime

2

Shangri-La
Gand-Alf
8

Les nouveaux Dieux.

Remarqué grâce à sa participation à quelques récits publiés dans l'anthologie Doggybags supervisée par Run, Mathieu Bablet signe avec Shangri-La un one-shot étonnant, aussi ambitieux que...

le 23 nov. 2016

31 j'aime

2

Du même critique

My Liberation Notes
CinephageAiguise
8

Quand l’ennui devient une quête spirituelle

My Liberation Notes n’est pas une série qui te happe avec des explosions, des twists spectaculaires, ou des méchants machiavéliques. Non, c’est une invitation à t’asseoir avec une tasse de thé et à...

le 19 nov. 2024

3 j'aime

9