A bien des égards, on pourrait considérer Geoff Johns comme le Midas de DC.
Lorsqu'il reprend Green Lantern en 2004, il finira par apporter une telle popularité au personnage que ce dernier parviendra à dépasser Batman en chiffre de vente. De façon plus générale, ses runs figurent parmi les plus appréciés chez tous les personnages dans lesquels il est intervenu.
Avec le reboot New 52 en 2011 Geoff Johns se voit donc attribué la série pilier Justice League, mais également Aquaman qu'il parviendra, une fois de plus, à redorer grâce aux ingrédients qui caractérisent son style.
Lui confier la mission de réintroduire Shazam (en marge de la série Justice League) avait donc, a priori, tout d'un choix judicieux.
Pourtant ...
C'est une remarque que vous avez sans doute du lire régulièrement, mais les itérations New 52 d'un grand nombre des personnages du catalogues DC sont souvent considérées comme plus creuses et moins soignées que leurs images antérieures.
Pour m'être intéressé à Shazam dans le passé, croyez moi, les vieux bougons n'ont pas tort lorsqu'ils disent que "c'étaient mieux avant".
Fondamentalement, ce nouveau Shazam n'est pas mauvais. Le scénario est classique et parviens à incorporer bon nombre d'éléments du mythes tout en restant très accessibles. Si le héros n'avait jamais existé, j'aurai trouvé ça sympa et ce tome aurait fait figure de bonne origin story (à l'instar de Superman - Origines Secrètes).
Mais le fait est que Shazam existait bel et bien avant ce tome et la comparaison entre les deux interprétations est sans équivoque : le nouveau super-héros est creux et complètement vidé de ses éléments caractéristiques qui le différenciait d'un random héros badass.
Le concept de Shazam est qu'il s'agit d'un enfant qui est fondamentalement bon. Bon ne voulant pas dire niais pour autant. A travers son regard il apporte une vision simple et bienveillante aux problèmes "des grands". Ses thématiques sont donc axées sur les problèmes de décalages qui peuvent exister entre deux mondes (monde de l'adulte et monde de l'enfance), ainsi qu'une vision moderne du manichéisme.
La vision de Geoff Johns du personnage a occulté tous ces aspects (après, tout, pourquoi pas ? c'est un reboot...) mais n'a apporté aucune contrepartie pour étoffer le protagoniste. Le nouveau Shazam est juste un gamin classique qui se transforme en héros magique (classique). Pire, comme il acquiert un côté "badboy" il devient une énième incarnation de la personnalité que Johns a appliqué à tous ses membres de la Justice League. Privant ainsi DC de ce qui faisait sa force : la richesse de ses personnages.
En conclusion, vous aurez compris que je ne peux valablement pas vous orienter vers cet ouvrage si vous souhaitez découvrir ce super-héros. Même si je reconnais qu'un néophyte n'aura pas vraiment de critiques à formuler à son encontre, il existe malgré tout des œuvres bien meilleures tels que : Superman/Shazam! - Le Retour de Black Adam (court-métrage) ou Shazam! - Lutte pour l'espoir (BD).