Bon.

Je savais bien qu'elle ne serait pas facile, la lecture de Sheriff of Babylon. Que ce soit de par son sujet, très éloigné de mes centres d'intérêts habituels (tenus à distance, serait plus juste, non sans raison), ou par la biographie du scénariste, comme caution d'authenticité partielle, je me doutais bien que je n'allais pas beaucoup rire, ni trop me divertir non plus. L'intérêt était forcément ailleurs et à Dieu va.

Je n'imaginais toutefois pas à quel point cette lecture me toucherait, et ceci dès les premières pages, comme un coup de poing dans la gueule ou ma bile sur l'asphalte un lendemain de cuite. ça sonnera peut-être un peu con, et même un peu gonzesse (certains clichés ont la vie dure, pas vrai ?) mais à plusieurs reprises, j'ai dû reposer le bouquin le temps de me reprendre. Je n'arrivais plus trop à respirer, je crois, ou un truc du genre, et ce n'était pas la Covid, j'ai des autotests qui le prouvent. Ou bien j'avais l'impression de saigner à l'intérieur. Un truc bateau de ce style-là, je ne me souviens plus très bien, a posteriori, je crois que j'ai été un peu trop secoué, j'en ai encore les dents serrées. Mais je me rappelle avoir pleuré, oh oui, beaucoup. Sur qui, sur quoi, j'ai bien une vague idée, parce que ces personnages et ces situations sont fictionnelles, mais qu'entre leurs lignes dort la vérité humaine, en Irak mais pas que, ce serait trop facile et parce que c'est comme ça, c'est aussi simple et compliqué que ça, en fin de compte, juste une grosse blague en forme de tragédie.

C'est réel.

Est-ce réel ?

A l'heure des jugements de valeurs binaires et de l'opportunisme moral, dont seule compte la valeur marchande, marketée jusqu'à bout de souffle (et de raison !), Sheriff of Babylon éblouit (aveugle, devrais-je dire) par sa sincérité, son intelligence, sa pertinence et son antimanichéisme pour nous rappeler durement, crument, combien nous sommes tous frères et en bien comme en mal.

La BD, dans ce qu'elle a de plus noble et de plus abouti.

L'Art, dans ce qu'il a de plus humain et de plus nécessaire.

D'une violence indispensable.

D'une douloureuse beauté.

Et la lune qui tombe dans les bras d'une femme avec l'humanité.

Liehd
10
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Non mais y'a aussi des trucs bien, en BD. Faut pas croire.

Créée

le 1 août 2022

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Liehd

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