Le Sentier de la Foi

Le dernier épisode s’ouvre tragiquement.
D’abord la crucifixion, tout en hors-champ, avec des portraits magnifiques de sentiments profonds, des jeux d’ombres et de silhouettes. Puis Simon retrouve le corps de son fils Judas, pendu de regrets après avoir trahi. Simon parce que c’est le volume de la foi, où tous comprennent enfin leurs garçons. Sans nécessairement se ranger à ce qui les dépasse encore ou à leur croyance, les pères accordent leur foi en leurs enfants.

Le Voyage des Pères, la trilogie christique de David Ratte, s’orne des anecdotes des évangiles pour tenir une chronologie d’ambiance, mais le véritable sujet en est bien l’amour paternel et l’incompréhension des générations. L’enfant fuit le père pour se forger à l’ombre d’un autre modèle, et le père en souffre d’incertitude et de doute : puisque ce n’est pas la voie qu’il a suivie, comment être certain qu’elle mènera le fils au bonheur ? comment l’aider à surmonter ces obstacles qu’il n’a lui-même jamais rencontré ? comment l’aider quand le monde tout autour change tant qu’il n’est plus rien de ce que lui connaissait ?
Avec humour et tendresse, David Ratte emmène trois hommes en quête d’eux-mêmes dans le sillage d’une histoire qui les dépasse, et le voyage du déni à la foi est long, douloureux, parfois presque inacceptable, mais la paix qu’ils y gagnent au final n’a pas de prix.

Avec foi dans ses personnages, l’auteur livre un peu plus qu’un agréable divertissement. Il tient son histoire de bout en bout, en connaît les faiblesses, joue magnifiquement du rythme, et propose une réflexion tendre et souvent drôle autour de la foi oui, mais aussi d’un aspect secret de la paternité, de ce que les hommes ne disent pas, mais vivent comme ils peuvent. Avec foi.

      Matthieu Marsan-Bacheré