Ce qui se passe à Sin City...
Frustré par son expérience avec des gros calibres comme Marvel ou DC, comme par les réécritures de son script de "Robocop 2", Frank Miller souhaitait créer une nouvelle série de comics qui n'appartiendrait qu'à lui, et à lui seul. C'est dans cette optique que va naître "Sin City", anthologie parue en sept tomes, chaque histoire faisant écho aux autres tout en pouvant être lue indépendamment.
Premier volet de cette saga, "The hard goodbye" donne immédiatement le ton, celui d'un maelstrom de noirceur et de violence décomplexée, un immense défouloir permettant à Miller de laisser libre cour à sa folie destructrice et de ressusciter les fantômes de Sam Spade et de Raymond Chandler, le sang, le sexe et la tripaille en plus.
Poussant les contrastes dans ses derniers retranchements, jouant admirablement avec la luminosité et les ombres, Miller exécute ici un travail remarquable, donnant vie à une cité tentaculaire où le stupre règne en maître, et où barbotent les individus les plus abjectes que la terre ai porté. Une galerie de personnages marquants, où les hommes sont de véritables bêtes sans foi ni loi, où les femmes jouent de leur corps et du flingue pour rester en vie. Ce qui n'empêche pas un certain héroïsme, une certaine noblesse d'éclore entre deux cases, juste avant le couperet final.
Vibrant hommage aux polars hard boiled de la grande époque, "The hard goodbye" pose magistralement les bases d'une oeuvre violente et désespérée, formellement à couper le souffle, diamant noir pour les uns, délire sexiste et régressif pour les autres, mais qui ne laissera personne indifférent.