Elle t'a attendu ! Elle a attendu que tu reviennes pour choisir mon nom et maintenant, elle est morte, et je n'ai pas de nom, et toi...
Les Éditions Delcourt reviennent avec la bande dessinée Marshal Bass, tome 3 : Son nom est Personne, dans laquelle on poursuit à travers la plume de Darko Macan, l'épopée extrêmement violente du shérif-adjoint River Bass alias Oncle Sam, qui évolue dans un contraste où tout est affaire d'amertume, d'agressivité, d'immoralité, de vengeance et de survivance à un point qui frise le nihilisme par la capacité physique et mentale du personnage à se confronter aux pires situations. Au niveau émotionnel c'est simple, on partage la souffrance et les doutes terriblement complexe et humain de cet homme faillible capable du pire comme du... un peu moins pire, le tout guidé par un esprit de justice authentique. Une justice qu'il va laisser de côté pour cette aventure, puisqu' il s'agit cette fois-ci d'une histoire personnelle concernant sa fille Delilah et un fils bâtard sans nom à moitié indien. Rapidement nous rentrons dans le contexte grâce à une introduction sèche et sans langue de bois qui pose les bases de ce qui sera une opposition de valeurs entre un père délétère et égoïste qui semble n’être rattaché à aucune valeur familiale, à des enfants désabusés par cette absence autoritaire et affective qui sera le moteur déclencheur de ce conflit. Une confrontation dramatique d'ordre moral, psychologique et physique, prenante de bout en bout, où l’instinct semble prioriser la raison.
Le contraste externe de ce troisième tome joue un rôle primordial d'ambiance, offrant une odyssée sauvage par la beauté et la rigidité d’une nature hivernale indomptable. Une fresque désespérée, extrême, radicale et brutale en adéquation avec les paysages glaçant et les décors naturels blancs où se déroulent les actions. Un milieu hostile impassible à travers un environnement à l'horizon indomptable avec des plans magnifiques de neige et de froid qui offrent une atmosphère particulière où mère nature règne en maître via un climat polaire et austère où l'homme n'a pas sa place. Un adversaire de taille difficile à surmonter de par la dangerosité de son essence implacable, auquel s'ajoute une équipe de mercenaires à la recherche de Bass. Une unité de quatre personnes composées de ''Doc'', 'Macchabee'', ''Clifford'' et ''Abadiano'' qui est accompagnée de ses trois chiens. Tous travaillent pour le compte de ''Defoe'', frère de..., l'antagoniste principal de Marshal Bass, tome 1 : Black & White, qui veut capturer le shérif-adjoint River pour l'emmener à son père afin que celui-ci le respecte et lui donne des parts de la plantation familiale. Une équipe étrange qui conduira à une confrontation sanglante, où la pitié et la bonté n'ont pas leurs places. Une aventure glaciale sous un rythme endiablé où les pages aux dessins convaincants signés Igor Kordey, se tournent avec plaisir. Une illustration sauce comics appuyée par les couleurs de Nikola Vitkovic, qui offrent un rendu final particulièrement convaincant, avec une double page somptueuse, autour d'une nature meurtrière.
CONCLUSION :
Marshal Bass, tome 3 : Son nom est Personne, continue de transfigurer le symbolisme du western en le tirant non pas vers la lumière, mais vers les profondeurs ténébreuses et immorales du genre humain. Un far west unique qui se pose comme une aventure noire incontournable pour la bande dessinée de ce type avec un personnage principal faillible, qui vient déstabiliser les plus grandes figures héroïques westerniennes.
Hiver d'acier au drame acéré pour une lecture frissonnante.
- Sa tombe... Oh non, Doc !
- Qu'est-ce qu'il y a, Sam ?
- Il n'a pas de nom ! Qu'est-ce qu'on va lire sur sa tombe ? Je n'ai pas pensé à lui donner un nom !