Sur fond de l’Histoire récente du Vietnam, cette BD a une double portée : autobiographique dans le processus de création dévoilée par l’autrice et biographique dans son intention de raconter la vie de sa mère via le témoignage de cette dernière. L’autrice interroge alors sa mère et va peu à peu la comprendre à travers son histoire et faire le lien avec ses origines.
La BD débute alors avec l’engagement volontaire de Linh (la mère) dans la résistance lors de la Guerre du Vietnam. L’autrice présente tout d’abord le quotidien du maquis, dévoilant des détails en toute simplicité sur la vie de l’arrière front sans tabou (cuisine, cours éducatifs, hygiène…). Le récit part de ce quotidien évoqué pour tendre ensuite vers l’histoire plus intime et dramatique de Linh. La jeune femme a toujours cherché à se faire une place auprès de ses parents, notamment dans son intérêt grandissant pour la réalisation de films, passion partagé avec son père qu’elle n’a pas connu enfant. Le cinéma lui permettra de s’émanciper et de trouver un certain sens à sa vie, devenant après le conflit une réalisatrice reconnue. Malgré tout, sa vie touchante a fait d’elle une femme solitaire, rarement à sa place, et l’autrice répare d’une certaine manière ce lien que n’a pas pu avoir sa mère, à cause d’un contexte houleux qui a séparé ses parents, victimes de ce conflit.
Song est une très belle histoire de partage générationnel, du lien parent-enfant mais aussi un hommage intime et sincère à cette femme à la vie singulière.