J'ai lu les premiers tomes du manga. J'ai regardé les quatre premiers épisodes de l'animé et là je m'arrête en plein milieu du cinquième, je viens voir ce qui s'est dit. Le succès de ce manga est pour moi une énigme.
Les couvertures du manga ne me parlent pas dès le début. Le point de départ est intéressant en soi pourtant. On part dans un monde parallèle au nôtre sur une idée de guerre froide entre l'ouest et l'est et le héros principal est un avatar de James Bond, mais il va être traité sur le mode décalé du père de famille comique pour sa fille tout en ménageant malgré tout sa part d'aventures dignes d'un Lupin the third. Pour accomplir sa mission et approcher une personne précise, notre espion doit fonder une famille artificielle, il doit faire rentrer sa fille dans l'école distinguée du fils de sa cible. Il a donc besoin à la fois d'une fille, mais aussi d'une épouse. L'épouse qu'il choisit par les aléas de la vie est une tueuse à gages tandis que la fille qu'il sélectionne dans un orphelinat sordide a le don de lire dans les pensées, il s'agit en réalité d'une fille qui a subi des expériences dans un laboratoire et qui en a réchappé.
Jusque-là, tout peut tenir. Une harmonie peut s'installer, et même une dynamique efficace entre les personnages. Par exemple, la petite fille peut lire dans les pensées, mais elle sait que sa survie dépend du fait qu'elle ne révèle à personne son pouvoir, ce qui fait qu'elle lit les pensées de son père et de sa mère sans leur avouer. Une part de l'humour réussi du manga vient d'ailleurs des têtes qu'elle tire en écoutant les pensées sans retenues de sa mère ou de son père. Ceci dit, sans être du profil kawai, la petite est complètement gaga. On assiste à des scènes où on contente une enfant pourrie gâtée qui zozote, et ça ne me passionne pas du tout. Cette fille ne m'intéresse pas du tout. Elle peut faire la gamine, moi ça ne me touche pas. La mère a certes un charme, puisqu'elle est une tueuse experte et dans la vie une femme timide et maladroite, mais en fait j'ai surtout le sentiment de voir une cruche. Puis, la blague de la femme pochtronne qui vide cul sec les verres de vin les uns après les autres, c'est nul. Le seul personnage qui reste, c'est le héros masculin, il y a un bon jeu sur sa coiffure qui peut varier, sur ses changements de physionomie, notamment avec la tête désabusée, mais à part ça c'est limité.
Il y a aussi un collègue roi de la récolte d'informations. Je ne le trouve ni efficace, ni pertinent. Et puis il y a l'école, et là c'est la catastrophe. C'est les sempiternels clichés sur l'élégance qu'on trouve dans les mangas et animés de cinquième ordre. Et puis, les gags, les gags ! Je ne pige pas ce que ça a de drôle.
J'en indique deux sous le cache suivant.
La famille artificielle se rend à l'école pour l'inscription. On a droit à des commentaires fumeux sur les manières de gens qui ne font que marcher en entrant, on passe à une blague à mon sens bien laborieuse : des animaux se sont échappés, veaux, cochons, etc., et donc l'école pense que c'est non pas un accident, mais une épreuve et donc on a du personnel de direction qui évalue la fuite de tous, qui souligne que même si on aide quelqu'un il faut rester propre. C'est perché et c'est nul comme blagues. Il y a des blagues perchées dans Dragon Ball ou Jojo's Bizarre Adventure, et ça marche. Là, moi, ça fait un bide. Je ne trouve pas ça marrant, je ne suis pas pris. Les codes humoristiques ne me parlent du tout. Je trouve ça complètement vain. Puis, et c'est dans l'épisode 5 que je suis en train de regarder, mais c'est aussi dans le manga (il y a quelques différences), on a cette histoire de récompense de la gamine débile qui zozote et qui a pu être inscrite. Plus précisément, elle était la première sur la liste d'attente et elle a gagné des points sur une feinte à deux balles : quand le père a frappé du poing sur la table de colère il a tué un moustique mortel sans le faire exprès, au lieu de perdre des points, il en gagne. Déjà, cette blague du moustique est ultra laborieuse. Je me demande quels lecteurs ont pu en être charmés, mais la fille en profite pour demander de faire comme dans son dessin animé d'espions avec Bondman. Elle veut jouer à la princesse sauvée par son papa espion dans un château. La justification de la blague, c'est que la fille sait que son père est un véritable espion, mais celui-ci ignore qu'elle le sait. Ceci dit, ça tombe comme un cheveu sur la soupe. Dès le début du manga, par coïncidence, la fille aime un dessin animé d'espions. Là, au lieu de rêver de vivre une aventure réelle avec son père, sachant qu'elle en a déjà sa dose, elle se contente très bien d'un faux truc, d'une fausse aventure, ça n'a aucun sens au plan de la psychologie des personnages. On voit simplement une enfant gâtée pourrie réaliser un caprice hors-norme. En plus, comme elle n'obtient d'abord que le château, elle fait du chantage : "si je n'ai pas les méchants, je n'entre pas à l'école." Comme l'histoire des vaches dans l'école, ça ne se rattache à rien, et ce n'est pas drôle du tout. Pour moi, c'est clairement mal conçu. L'as de la récolte d'informations entre dans le jeu de la fille, voilà c'est le délire dans les têtes, on est content avec ça ! Puis, la coordinatrice croit que c'est important, et tous les acteurs, et on a le gros gag d'espions qui font une mise en scène croyant que c'est important pour la mission, alors qu'ils vont seulement satisfaire un caprice de gosse et pour ceux qui prennent le scénario très à coeur renforcer les liens d'une famille artificielle. C'est nul, mais c'est nul.
J'en dis beaucoup dans la partie sous cache. Finalement, je trouve le scénario bancal, la progression est sur un fil rouge qui n'est rompu à aucun moment, mais on bascule dans un plan parallèle familial sans intérêt avec une facilité pour saucissonner les actions en épisodes indépendants très tranches de vie. Les gags ne sont pas drôles. On sourit tout au plus de sympathie et pour l'essentiel plutôt pour les runnings gags que pour autre chose. C'est complètement bidon. Il y a un problème de construction assez évident, ce n'est pas dans le rythme, ce n'est pas dans la liaison des scènes entre elles, ce n'est pas dans les interactions des personnages non plus. Le problème est que le scénario voyage pas mal dans l'absurde et l'insignifiant, avec beaucoup d'effets de manche pour attirer notre sympathie, avec beaucoup de clichés bien éculés. Mais vraiment, je regarde cette série et j'ai un énorme sentiment d'étrangeté. Après, ça vaut mieux que du Komi cherche ses mots et ma commisération. On n'est pas dans la médiocrité en tant que telle, mais bon...