Dans la nuit qui a suivi ma lecture de Suburban Hell j’ai rêvé d’une personne décapitée dont la tête continuait de parler alors qu’elle évoluait sur un escalier roulant qui conduisait aux bus devant nous mener en Espagne (?). De quoi me faire gagner ma place parmi les banlieusards dépeints par Taro Kanafuro ?
Vous l’aurez compris, Suburban Hell ce n’est pas la banlieue paisible et idéale mais le crade, le sanglant, le « déviant ». Tout ce qu’on voudrait ranger sous le tapis et ne pas voir mais qui existe et vient nous taper sur l’épaule pour nous entraîner dans l’horreur et la folie à l’heure de la Virtual Reality et des Uberusés. Une fusion improbable entre Shit Chofu et le Labyrinthe des rasoirs. Un documentaire sordide version C’est arrivé près de chez vous, le verbe de Poelvoorde et « le petit Grégory » en moins.
On se sent comme le personnage sur la couverture : figé par ce que l’on voit. Le trait détaillé et réaliste de l’auteur ajoute au malaise, tout comme la manière de « filmer » les scènes qui donne l’impression que nous sommes des observateurs participants. Le découpage peut néanmoins connaître des « coups de moins bien », notamment dans l’avant-dernier récit, plus brouillon que les précédents.
On aurait envie de courir pour s’échapper, se dire que l’enfer décidément c’est les autres. Mais on reste, et les différents drames qui se jouent composent les cercles d’un enfer contemporain dont on se demande qui tient le rôle de Virgile et de Dante entre l’auteur et le lecteur. Oserai-je vous souhaiter bon voyage sur ces terres ?
La (vraie) note : The book that Jack built/20