Super Winshluss Géant
Dans cette BD drôle et subversive, on retrouve entre autres Mickey (clope au museau) et son pote Dingo, Minnie (qui s'envoie en l'air avec riri, fifi, loulou…), Martine (rebaptisée Caroline...
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le 4 janv. 2013
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Winshluss ne respecte rien. En 2008, dans Pinocchio, il faisait du pantin un petit enfant robot destiné à devenir une arme de guerre. Il obtiendra le Fauve d’or du meilleur album. En 2012, dans In God we trust, sa relecture du christianisme était cynique et malicieuse.
Mais dès 1999, avec Super Negra, réedité et augmenté en 2012, l’auteur détournait déjà avec un humour cinglant un pan de notre patrimoine mondial, les belles aventures innocentes de Disney. Sous son crayon, l’univers de Mickey et Dingo se dévergonde. Les deux amis pêchent à la dynamite quand une explosion nucléaire les transforme. Mickey va se transformer en véritable souris puis en créature minuscule, tandis que Dingo va devenir un Dingodzilla incontrôlable.
Winshluss a probablement lu les aventures des héros de Disney, et leurs péripéties amusantes et paisibles. Dans cette aventure, l’auteur déforme tout, y injectant sa version pervertie, où Mickey et Dingo sont deux idiots, Minnie fricote avec les frères Riri, Fifi et Loulou, Donald est un lyncheur fou et Geo Trouvetou un génie capitaliste.
Deux courtes histoires suivent, « Caroline invite ses amis à une soirée de merde », où l’héroïne des albums pour enfants de Pierre Probst voit des personnes mal intentionnées s’inviter à sa soirée. La dernière, « la femme est-elle nuisible au récit d’aventure » s’intéresse à Tintin et au capitaine Haddock, dans des versions un peu décadentes et plus portées sur la chair féminine. L’absence de personnages féminins dans les aventures de Tintin est expliquée dans cette courte BD avec une mauvaise foi bien agréable.
Bien que les trois histoires aient été dessinées à plusieurs années d’intervalle, elles partagent le même trait en noir et blanc, fouillis et hargneux de Winshluss. Faussement bête et méchant, la technique est pourtant étudiée, la mise en scène parfois simpliste, et d’autres fois captivante, avec de faux angles de caméra ou de dessin-animé.
Winshluss ne respecte rien. Mais c’est aussi pour ça qu’on l’aime. Régressif mais pas idiot, il tord et déforme les figures populaires de notre culture pour nous offrir des histoires dépravées et cyniques. Et puisqu’il ne respecte rien, le lecteur ne sait jamais où il nous emmène, ni jusqu’à quel degré d’humour il devra faire face. Gare aux surprises.
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le 2 mai 2020
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