De Lane en Zod

Il est toujours un peu perturbant de voir Urban Comics publier une saga pre-Flashpoint dans un magazine dédié à DC Renaissance. Pourtant, on s'y habitue, étant donné que c'est un procédé régulier de Superman Univers Hors-Série. On y prend même goût, tant les récits proposés par la filiale de Dargaud sont captivants ; ou c'est parce que je suis un fan inconditionnel de l'Homme d'Acier.

Il y a bien longtemps, chez un éditeur lointain, répondant au nom de Panini Comics, démarrait la saga de La Nouvelle Krypton écrite par Geoff Johns. Ne lisant que les kiosques à l'époque, je n'avais ni acheté ni lu cette aventure de Superman, mais elle m'a toujours fait envie grâce à son high-concept aussi simple qu'accrocheur : des Kryptoniens ont survécu et vont se construire une nouvelle planète.

Des problèmes éditoriaux et un changement d'éditeur français plus tard, les events qui étaient trop proches chronologiquement de Flashpoint se sont retrouvés interrompus et Urban peine encore à tous les publier.toutes les sagas de cette ère transitoire. Mais, en attendant que le Kal-El de New Earth ne soit sous le feu des projecteurs au cours de DC Rebirth, Superman Univers 5 propose une de ses dernières grandes épopées : War of the Supermen.

Et bien que ce titre peut laisser penser que nous allons simplement assister à une guerre civile Néo-Kryptonienne, - ce qui est déjà très excitant - la saga va beaucoup plus loin. Pour James Robinson, qui remplace Geoff Johns pour cette conclusion, il n'est pas question de présenter d'un côté des gentils et de l'autre des méchants : il n'y a que la guerre, ses victimes et... SUPERMAN, au centre du conflit.

Tout part de l'opposition entre deux Généraux. D'abord, il y a Zod, le terrifiant Kryptonien, ennemi de toujours de Kal-El, prêt à tous les sacrifices pour le bien de son peuple et désireux de réduire à néant l'humanité. De l'autre côté se tient Sam Lane, l'Humain qui ne supporte pas les extraterrestres, régulièrement opposé à Clark Kent, qui n'hésitera pas à commettre un génocide s'il le juge nécessaire. Vous voyez des similitudes ? James Robinson aussi.

En opposant ces deux figures aux méthodes extrêmes, le scénariste insiste sur les dommages collatéraux et l'absurdité de la guerre. Superman, Lois Lane et leurs autres proches, eux, représentent un idéal humaniste, espérant juste que les deux peuples puissent vivre en harmonie. Mais le monde n'est pas prêt, au grand damne de tous nos héros, et sans doute des auteurs de DC Comics.

War of the Supermen s'impose donc comme une fresque épique portant un message des plus forts. Et James Robinson, maître de la continuité, en profite pour rendre hommage à beaucoup de ses prédécesseurs en exploitant des personnages issus de toute la mythologie Kryptonienne. Si bien que, parfois, le lecteur lambda peut rester perplexe devant certains d'entre eux et devoir chercher qui ils sont ; poke Nightwing.

Enfin si on peut pardonner certains dialogues explicatifs, pensés pour permettre au lecteur occasionnel de se remettre dans le contexte à chaque nouveau chapitre, il apparaît plus compliqué d'apprécier les changements de dessinateurs réguliers. D'autant que personne n'arrive à rendre hommage à Zod, un des meilleurs méchants de Superman, ici représenté comme un vilain pas beau ne dégageant aucune noblesse.

Le magazine se conclue sur deux chapitres de Superman 700. L'un, écrit par Robinson, met en scène la relation de Lois & Clark. L'autre, signé Dan Jurgens se situe dans le passé : il met en scène une aventure de Superman et Robin ! Rien d'exceptionnel ni dans le récit ni dans les dialogues, mais c'est un moment de repos bien mérité pour l'Homme d'Acier après tout ce qu'il a traversé : rien ne compte plus que les gens qu'il aime.