Cette critique vaut un peu pour tous les Donjon récents depuis que les auteurs ont ressuscité la série. J'étais fan de Donjon quand j'avais autour de dix ans, étant tombé sur la couverture traumatisante du Cimetière des Dragons à la médiathèque, plongeant dans un univers d'heroic fantasy animalière bourrée d'humour, de violence, de sexe et de gros mots mais surtout riche d'un univers foisonnant et passionnant.
C'est un peu l'ambition de ces nouveaux albums : combler les trous d'une histoire trop ambitieuse pour finir de rendre cohérente l'évolution d'un monde sur trois époques, trois atmosphères, trois mondes. Une entreprise casse-gueule, mais qui ne me semble pas vraiment aussi soignée qu'elle le mérite. En terminant ce Survivre Aujourd'hui, je me suis dit "ah d'accord, c'est ça que ça racontait". L'évolution du château de Cavallère, auparavant lieu un peu oublié et démodé par rapport à la grande cité voisine, désormais devenu un havre de sécurité dans un monde chaotique qui attire les convoitises des chasseurs de trésors et des armées belliqueuses. Et comme pas mal d'autres albums récents, on se dit que pour quelque chose qui ambitionne de combler les trous vertigineux entre les différentes timelines de Donjon, ça aurait mérité plus de soin. Il ne se passe pas grand-chose, encore moins grand-chose d'intéressant, et une fois que c'est fini on se dit qu'il y avait quand même moyen de faire quelque chose de plus palpitant. Les personnages sont passés entre les mains de tellement de dessinateurs différents qu'ils semblent en avoir perdu toute identité. Les dialogues oscillent entre vocabulaire médiéval fleuri et répliques dignes d'une conversation anodine de tous les jours, ce qui a toujours été une marque de fabrique de la série, mais ça fait ici aussi forcé que peu naturel.
Bref, je comprends de moins en moins le but de ces nouveaux albums, qui ne m'ont d'ailleurs jamais poussé à reprendre ma collection. Est-ce que j'ai simplement vieilli ? Je me souviens pourtant des Profondeurs, dans la série Monsters, qui proposait quasiment une histoire stand-alone dans un univers encore peu vu, et dont l'histoire était tout simplement excellente et mémorable. Pourquoi ces épisodes censés reprendre l'histoire principale de la saga semblent-ils écrits à la va-vite entre deux cafés ?