Fini le Swamp Thing : Green Hell de Lemire et Mahnke en "DC black label", une lecture à éviter pour les aficionados du personnage comme pour les nouveaux venus.

Sur le papier, la promesse de cette mini en trois grosses issues peut avoir quelque chose j'imagine d'un peu alléchant : dans un futur relativement proche, une catastrophe écologique quelconque a provoqué une montée drastique du niveau des eaux, forçant les quelques rares humains survivants à lutter dans un monde à la Waterworld.

Les trois parlements (la sève, la chair, la nécrose) ne peuvent plus survivre correctement avec ce bouleversement de l'écosystème (pourquoi ? on sait pas, faut juste l'admettre), ils décident donc d'envoyer une nouvelle créature purger l'humanité afin de repartir sur un nouveau cycle d'habitation de la terre qui leur sera plus favorable (avec quoi, comment, on ne sait trop).

C'est une lecture des plus médiocres. Côté scénario, tout ce que le propos pourrait avoir d'intéressant est vite subordonné à de la bataille de monstres hybrides des trois parlements qui ressemble à du sous Blackest Night esthétiquement ou à tout ce que propose éternellement le comics de super quand il décide de jouer sur la variation du "zombie", au sens le plus large du terme. Quelques personnages humains (une petite fille, son père, un vieux) sont censés nous apporter un peu d'ancrage dans l'intrigue mais ils sont écrits comme dans le plus feignant des films catastrophe hollywoodiens et pas une seconde leur destinée ne sera impliquante dans le récit, et encore moins surprenante. Lemire sort de sa besace les personnages attendus gravitant autour de ce type d'histoires (Alec, Deadman, Constantine, Animal Woman etc) mais ils se contentent de singer la manière dont ils sont écrits par des auteurs plus talentueux que Lemire, qui rend une copie dont la paresse étonne tout de même pas mal.

Si de son côté Doug Mahnke fait vaguement le taf au niveau de la direction artistique des monstres (le méchant Swamp Thing est inquiétant, bien que plusieurs de ses plans soient un peu pompés sur du Alien niveau composition, les arbres de la sève sont corrects), ses personnages humains demeurent toujours aussi cradingues avec leurs gueules de duplo ahuris et on est pas loin d'atteindre le tier Robertson / Dillon de la laideur. Le découpage est lambda au possible. On retiendra à la limite sa proposition ponctuelle d'un Alec émacié pour montrer l'épuisement de son corps qui a un côté carcasse de Dark Souls pouvant plaire à certains.

Finalement, tout ce charivari bien stérile de monstres qui se mettent des patates se règle en grosse bagarre d'autant plus sans enjeu qu'elle se déroule sur une petite île au milieu de nulle part dont on se fout éperdument ; et le mince propos écologique qu'il y avait à deviner au titre est lourdement martelé dans un dialogue naze histoire d'être sûr que même le bêta ait compris.

Un truc tout de même me chiffonne avec ce titre, outre le fait qu'intrinsèquement il soit bien naze. La collection "black label" avait, à mon sens, le but d'essayer d'attirer des lecteurs ponctuels voire nouveaux (éventuellement, des lecteurs de BD qui n'aiment pas le caractère relié du comics et son histoire éditoriale longue) vers des figures DC auprès desquelles la collection devait les introduire. Mais pour qui n'a jamais lu des runs précédents des personnages, bien que l'histoire soit hors continuité, c'est un bordel abscons. Qui est Deadman, qui est Constantine, quels sont ces trois parlements et quels sont les extensions exactes de leurs pouvoirs, pourquoi Constantine peut aller négocier des power-up en enfer expédiés en deux pages et demi ? Si t'es pas au courant, mange-le et ferme-la, Lemire avait pas le temps de te le réécrire différemment.

Bref je ne souhaite pas passer pour un hater gratos du Canadien dont j'approche souvent le taf de façon très critique mais en l'occurrence...ce Hellblazer Green Hell - Swamp Thing pardon, on a tendance à l'oublier - est une daube.

Un Waterworld zombifiant kaijuisant naze, et vous penserez si vous avez le temps à essayer d'être un peu décroissant vite fait.

S_Gauthier
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le 11 sept. 2024

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