Assez logiquement, on peut faire le même type de remarque au sujet de l'adaptation au cinéma d'une BD qu'au sujet de l'adaptation d'un roman.
J'ai dit BD ? Pardon: il s'agit bien entendu d'un "roman graphique", milles excuses.
A la fois des personnages et des situations plus poussées, mieux étudiées, plus profondes. Le film, forcément, résume, prend des raccourcis, condense.
Mais à la fois, il permet, en donnant aux personnages un physique réel (Gemma, humm), de mieux mettre en valeur la cohérence de certaines scènes, de passer au révélateur d'un vrai metteur en scène (Stephen Frears) si le récit tient la route ou non.
Mais recentrons nous sur la BD, puisque c'est d'elle qu'il s'agit ici, et, pour l'avoir lu APRÈS avoir vu le film, insister justement sur la cohérence de ce récit, de son ambiance, du caractère plaisant de cet enchaînement de saisons, que l'on éprouve à la lecture de ces 130 pages fournies, une unité de ton et de la linéarité du récit bien plus palpable que dans la version cinématographique ALORS MÊME que qu'un ou deux rebondissements supplémentaires viennent corser l'ensemble.
D'ou l'évidence de la forme stylistique utilisées ici: c'est parfaitement adapté à la nouvelle (ou roman) graphique (expression qui ne peut mieux porter son nom que dans ce mélange de texte et de cases): ce n'aurait pu être raconté en roman, où cela aurait sans doute perdu de son acuité et de son témoignage sur un lieu (la campagne anglaise) et une époque (la nôtre), et c'est plus fort que le film, pourtant fort agréable et terriblement fidèle (contrairement aux personnages).
La forme parfaite pour ce type de récit, en quelque sorte.