Ni une aventure, ni un voyage. Ce Tango argentin boulverse les codes et réinverse les genres. Hugo Pratt conduit son héros dans un épisode de Corto compact dans sa temporalité (il se déroule en une semaine) mais dense en évènements.
Hugo Pratt choisit ici de développer tout un pan de l'Argentine du début du XXème siècle en évoquant sa construction et ses paradoxes. Il évoque au lecteur européen des aspects bien méconnus de ce pays du bout du monde, où les bandits de la prostitution croiseront les latifundistas.
DIfficile d'écrire sur Tango sans évoquer à quel point il est iconoclaste. Pratt y abandonne les références mythologiques, les chasses au trésor ou les rencontres avec les civilisations. Il raconte l"Histoire d'un pays qui fut le sien pendant plus d'une décennie. A contre courant, il plonge son personnage dans une longue nuit chaude, où presque toute l'action se déroule dans la pénombre. Tango se vit en noir et blanc.
Tango est aussi une histoire d'amitié, de promesses et un peu de vengeance. Les valeurs romantiques du héros rejoignent son flegmatisme. A aucun moment Corto ne s'affranchit de sa mission et d'une promesse faite à Louise, que nous rencontrâmes dans la brillante Fable de Venise.
C'est un tome différent. Bien éloigné des aventures habituelles, Hugo Pratt surprend le lecteur en mélant une nouvelle quête empreinte de romantisme à une narration dépouillée sur l'Argentine des années 20.