Tartine de clous
7.6
Tartine de clous

BD franco-belge de F'Murrr (1981)

Tartine de clous, quel beau titre.


Ce recueil d'histoires courtes est un de mes livres de chevet, et ce depuis le jour lointain où, jeune et naïf, je l'ai découvert dans la collection paternelle, probablement entre un Concombre Masqué et un Barbarella.
D'abord, d'aboooord... Il y a Naphtalène, personnage féminin caractériel et haut en couleur, une sorte de Tank Girl avant la lettre, et Marconi, un morse grognon qui crache du feu. Ensemble, les deux comparses vivent des aventures inconcevables ailleurs que dans un album de F'Murrr, et je ne me risquerai pas à essayer de les résumer ici. Je tiens tout de même à signaler que l'histoire intitulée "La 47ème vue du Mont Fuji" est une merveille sans équivalent.


Mais Naphtalène n'est pas la seule demoiselle de choc à l'honneur dans cet album foncièrement féministe : Lili Few-Few, avatar féminin (et alcoolique) de Blueberry, prend sa relève le temps d'une parodie complètement délirante du "Angel Face" de Charlier et Giraud. La mise en couleur (un camaïeu de tons gris-bruns) est à la fois judicieuse et du plus bel effet. Quoique relativement cryptique pour qui ne connaîtrait pas l'album susmentionné, cette histoire est un autre grand moment de bande dessinée.


Et n'oublions pas les intermèdes, eux aussi particulièrement absurdes, au cours desquels le compositeur Johannes Brahms s'évertue à pourrir la vie d'un pauvre animal (dont l'espèce est difficilement identifiable) occupé à bâtir une maison qui ne cesse de s'écrouler. On regrette un peu que F'Murrr n'ait pas davantage développé ce concept très herrimanien par la suite, tant l'inventivité déployée dans ces quelques pages est admirable.


F'Murrr est un génie. Son dessin, son sens de la mise en page, son ton, son rythme, son imaginaire, son humour, sa poésie et même son usage de la couleur, sont profondément personnels. Au point que parfois, ses histoires se noient dans leur propre originalité, abandonnant le lecteur, dépassé, sur le bas-côté. Ce n'est pas le cas avec cet album magistral, dans lequel l'auteur fait preuve d'une maîtrise parfaite de son art singulier.

Ogun
10
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le 16 mars 2016

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Ogun

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