Survol Sans Grand Danger

Un peu de tout dans ce troisième tome des Gardiens du Globe, mais toujours pas de grande saga épique : Phil Hester se contente d’épisodes autour de tel ou tels personnages pour survoler un univers plutôt que d’y développer un récit long et ambitieux. Si

la lecture est sympathique,

il manque quelque chose pour réellement donner du relief au terrain narratif.

Autour du directeur de l’agence d’abord, à la suite d’El Chupacabra et de Tigre Génial ensuite, un coup de protection d’une banque malhonnête, un coup de défense contre une solide famille mafieuse, des combats chaotiques, l’observation sans attention de l’homme face à des choses qui le dépassent, qui dépassent l’humanité toute entière… Phil Hester évoque beaucoup de choses et tente d’imbriquer autant que possible de trop nombreux détails dans un récit que jamais il ne construit.

Le résultat tient de l’ennui par moments, de l’incompréhension à d’autres,

malheureusement dans ce tome jamais plusieurs pages ne viennent séduire le lecteur.

Le dessin de Todd Nauck, peut-être à cause du déséquilibre narratif, est lui aussi inégal. Agréable et lisible dans l’ensemble, il ne détaille pas suffisamment les décors, concentré sur les personnages dont

les portraits, malheureusement, ne se ressemblent pas toujours d’une case à l’autre

au sein d’une même séquence… Encore un défaut, un manque d’exigence qui vient miner le plaisir primaire du comics de superhéros. Puis il y a Yéti, redessiné, réinventé, une gueule énorme en guise de torse, ridicule et plus du tout impressionnant.

Terrain Miné, oui. Phil Hester et Todd Nauck, trop heureux de pouvoir s’amuser avec de trop nombreux personnages dans la lignée des mythologies populaires américaines, oublient de travailler sérieusement sur ce qu’on leur commande, oublient de se mettre en danger en tentant de construire une œuvre, et livrent encore une fois six épisodes rapides à survoler, sans danger angoissant pour des personnages auxquels on a du mal à s’attacher, et malheureusement

sans grand plaisir pour le lecteur.

Pas de grande histoire, et la série se condamne d’elle-même à l’éphémère.