Terreurs nocturnes - Batman : Le Chevalier Noir, tome 1 par Ninesisters
Ce n’est pas parce que DC Comics a lancé The New 52 – ou comment monter un plan marketing génial en faisant croire que toutes leurs séries allaient repartir de zéro – qu’il faut arrêter d’exploiter les recettes qui marchent. Or, Batman ne marche pas : il court ! Autant dire que des titres sur le Chevalier Noir, ce n’est pas ce qui manque.
Le principal, c’est celui de Scott Snyder, et son premier arc intitulé La Cour des Hiboux. Cette histoire réussit le pari d’être accessible pour un nouveau lectorat, plaisante même quand nous connaissons déjà bien le personnage et ses aventures, et assez culottée. En effet, le scénariste aurait pu céder à la facilité en recourant aux ennemis traditionnels de la Chauve-Souris – comme le Joker – mais choisit au contraire de confronter son héros à une menace inédite et à une trame narrative élaborée.
Terreurs Nocturnes, c’est tout simplement l’opposé de La Cour des Hiboux.
Même si DC Comics prétend avoir remis ses séries à zéro, il ne faut pas être dupe. Ce n’est pas vrai pour tous les titres, et certainement pas pour Batman, lequel conserve adversaires et acolytes presque comme si de rien n'était. Et aucun autre comics ne le montre mieux que ce Batman : Le Chevalier Noir, à travers cette première histoire. Là où La Cour des Hiboux prenait soin de proposer de la nouveauté, Paul Jenkins décide quant à lui de balancer d’un coup d’un seul une pléthore de ses ennemis habituels, pas forcément les plus connus du grand public mais des personnages somme toute très classiques. Un des protagonistes cite sans cesse des événements de la saga Knightfall, tout-de-suite le ton est donné.
Plus que classique, Terreurs Nocturnes pourrait bien être qualifié de basique. Totalement basique, même.
L’histoire commence par une évasion à l’Asile d’Arkham, et évidemment à partir de cet instant, l’enquête de Batman – savoir qui manipule et drogue les détenus, comment, et bien entendu pourquoi – sera surtout prétexte à le voir affronter des versions améliorées de quelques-unes de ses plus redoutables Némésis, ainsi qu’une adversaire inédite qui ne manque pas de sensualité. Le tout avec un héros en proie au doute et des invités de prestige, comme Superman et Flash ; le titre est résolument tourné vers l’univers étendu DC Comics et la mythologie Batman.
Au niveau du dessin, nous ne sommes plus dans l’anti Cour des Hiboux, mais dans l’anti Batwoman : ici, pas de graphisme stylisé et de mise en page complexe à la J. H. Williams III, mais une composition qui, une nouvelle fois, renvoie au mot « basique ». C’est d’une simplicité confondante, mais au moins c’est efficace ; le dessin va à l’essentiel.
Avec ses hordes de méchants et son scénario linéaire, Terreurs Nocturnes pourrait sembler presque naïf ; les plus virulents le trouveront même carrément con. Et finalement, pourquoi pas ? Pourquoi ne pas quitter de temps à autre les trames complexes pour voir le Chevalier Noir en découdre avec ses ennemis de toujours, dans une histoire diaboliquement prenante à défaut de proposer la moindre once d’originalité ?
Si ce parti-pris vous interpelle, alors ce premier arc de la série Batman : Le Chevalier Noir arrivera probablement à combler vos espérances. Je n’attendais pas forcément monts et merveilles de cette énième déclinaison des aventures du célèbre détective, mais j’ai eu l’agréable surprise d’y trouver un efficace divertissement. Cela a suffi à mon bonheur.