En 2012, Lewis Trondheim et Matthieu Bonhomme nous avaient offert une suite spirituelle à Omni-Visibilis dans un univers de western : Texas Cowboys. Deux ans plus tard, les deux compères rempilent pour un second tome. Enjoy !
Scénario : Harvey Drinkwater est de retour au Texas, plus que jamais décidé à épauler son ami Harvey Forest, acculé par des hommes de Sam Bass, et à écrire des articles sur les mœurs rustiques de ce Texas à peine civilisé. Mais ce qui compte le plus ici, c’est l’humour inimitable de Lewis, qui fait mouche encore une fois avec son lot de répliques cultes, comme le langage fleuri de La Framboise, ou les remarques sarcastiques de Drinkwater, irrésistible. Sans oublier la mise en scène atypique du scénariste, déjà expérimentées dans bon nombre de ses albums, avec la présence d’un découpage de six cases par planche en gaufrier, et des plans fixes qui donnent au récit un cachet unique.
Dessin : Matthieu Bonhomme est arrivé à une telle maîtrise, une telle élégance dans son trait, dans sa gestion des lumières, de la couleur, des postures des personnages qu’on pourrait affirmer sans sourciller qu’il fait partie des auteurs français contemporains parmi les plus talentueux et les plus remarquables. Pourtant, un article du journal Le Monde datant du 10 mai et relayé dans le dernier Casemate affirme que « Matthieu Bonhomme est l’exemple type du professionnel reconnu par ses pairs et suivi par un public fidèle qui n’a cependant pas un succès suffisant pour vivre dans l’aisance grâce à son art ». La question se pose alors : si un bédéiste accompli comme Matthieu Bonhomme a du mal à vivre de son métier de dessinateur, combien d’auteur français peuvent se targuer de vivre de la bande dessinée, et seulement de la bande dessinée ?
Pour : C’est tout bête, mais plusieurs éléments donne à Texas Cowboys une esthétique rétro absolument irrésistible : les couvertures grandiloquentes des fascicules publiés en supplément du journal de Spirou, les onomatopées type « PAF, PAN », la présence d’une quadrichromie typique rehaussée par des trams, ou bien le papier légèrement jauni. Une véritable réussite. Notez aussi la présence d’un nombre de personnage secondaire impressionnant, qui ont chacun un rôle précis dans l’histoire, à l’image du vétéran confédéré qui raconte de manière différente à chaque fois comment il a perdu son bras, en échange d’un verre. Tous ses personnages donnent à l’œuvre un background très varié…
Contre : …Mais du coup ont trop tendance à voler la vedette aux personnages principaux que sont Drinkwater et Forest. Ce qui est tout de même un poil frustrant, là où par exemple dans le film Wrong Cops la présence d’une multitude de personnage ne dérange pas étant donné qu’aucun n’est plus important que les autres.
Pour conclure : Avec Texas Cowboys, on peut dire que Lewis Trondheim et Matthieu Bonhomme prennent un malin plaisir à brouiller les pistes avec un récit volontairement chaotique. Pourtant, c’est aussi grâce à cet élément que Texas Cowboys est aussi plaisant à lire, et aussi mémorable pour le lecteur.