Tu ne le sais pas encore, mais tu vas avoir besoin d’une arme !
Il m’est, depuis quelques années, assez difficile d’être enthousiaste pour une longue série de manga.
Surement parce que j’en lis depuis plus de 20 ans, et que malgré l’importance de la production, il existe nécessairement une lassitude à relire les mêmes types d’histoires et de personnages archétypes.
Heureusement il existe toujours des exceptions, et lorsque l’on creuse un peu on trouve. En fait et en étant bien honnête je n’avais pas été aussi emballé par un seinen (un manga destiné à un public adulte) depuis Berserk et Pluto. Deux œuvres totalement différentes mais ô combien génialement écrites et dessinées.
Arms Peddler (littéralement « marchands d’armes ») est à la croisée de deux genres fictionnels, le post-apocalyptique, propre par exemple à Mad Max ou, pour rester dans l’Univers du manga, Hokuto No Ken, et la Dark Fantasy, proche d’un Ubell Blatt (autre grande série de l’éditeur) et de Berserk.
Le monde a connu, semble-t-il, une apocalypse ayant ramenée la civilisation à un niveau proche de celui du 19è siècle, rendant presque toute technologie inutilisable.
Des hordes de criminels écument un monde violent et cruel, où tout être humain est une proie potentielle.
La fin du monde, en plus d’apporter misère et douleur, a laissé un témoignage du génie destructeur des civilisations passées, les armes a feu. De grandes quantités furent trouvées par des groupes d’humains ; ayant réussi à les restaurer et à en comprendre le fonctionnement, ainsi que le danger potentiel, ils s’organisent en une Guilde de Colporteurs, ou Marchands d’armes pour en contrôler la diffusion et l’utilisation. Toutes personnes nécessitant leur assistance, devra se signaler par un drapeau noir sur le bord d’une route ou aux abords d’un village par exmeple. Contre une rémunération adéquate, le marchand en charge de la transaction décidera d'honorer la demande.
C’est ainsi que nos deux héros vont se rencontrer.
Garami, une sculpturale colporteuse au regard dur comme le diamant, aux nerfs d’aciers, et se trimballant une mystérieuse épée "emparcheminée".
Et Sona Yuki, un adolescent nouvellement orphelin, depuis que sa famille s’est faite égorgée et dépouillée au milieu d’une lande désertique, et sous ses yeux. Un homme se faisant nommer Hydra lui a alors gravé dans la main sa marque, aux fers rouges, afin que son nom devienne synonyme de peur, où qu’il aille.
Garami lui sauve la vie et ainsi il devient son obligé, car rien n’est gratuit en ce bas monde, y compris l’arme qu’elle lui vend à crédit.
Sona et Garami, vont alors écumer ce monde, entre quête initiatique, et vengeance. Sona va y découvrir combien cette terre est devenue noire et compliquée, hanté par les ombres de créatures mystiques et fantastiques : zombies, sorciers, fantômes ou vampires. Mais plus cruellement encore il découvrira combien les humains sont égoïstes, avides, et cruels, et combien ils ont renoncé à toute forme de vie honorable tant la peur gouverne leur quotidien.
Une atmosphère de Frontière, comme au Far-West, une ambiance sombre et déroutante, une histoire brutale et sans concession. Arms Peddler est un vrai plaisir de lecture, immédiatement plongé dans le vif du sujet, j’ai dévoré ces quatre volumes.
Servie par des dessins magnifiques du coréen Night Owl, donnant une réelle profondeur aux protagonistes, l’histoire de Kyoichi Nanatsuki ira, je n’en doute guère, bien au-delà de la simple quête de vengeance, et d’une débauche de violence.